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Plan d’économie : France Assos Santé dénonce la mise à contribution des patients

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Plan d’économie : France Assos Santé dénonce la mise à contribution des patients

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Publié le 16 juillet 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Cinq milliards d’euros d’économies. C’est l’objectif annoncé par François Bayrou pour la santé dans le cadre du plan de réduction des dépenses publiques en 2026. Mais derrière l’affichage politique d’un « moment de vérité », la stratégie du Premier ministre repose sur un postulat contesté : faire porter aux usagers la responsabilité des dérives du système. France Assos Santé dénonce une vision simpliste, économiquement inefficace et dangereuse pour l’accès aux soins.

Pour France Assos Santé, le discours du Premier ministre repose sur une illusion : croire qu’il suffirait de responsabiliser les patients pour endiguer la dérive des dépenses de santé. Une approche jugée « simpliste, voire coupable » par l’association, qui rappelle que les usagers demandent à être acteurs de leur santé, à condition d’avoir un réel accès aux soins, à la prévention et à l’éducation à la santé sur l’ensemble du territoire.

« La responsabilisation des patients ne peut se résumer à des mesures financières, comme les franchises, sans garantir l’accès aux professionnels de santé ni lever les barrières économiques », alerte France Assos Santé. L’organisation plaide au contraire pour une politique publique cohérente : régulation de l’offre de soins, lutte contre les dépassements d’honoraires, mesures fiscales volontaristes en matière de santé publique.

Franchises médicales doublées : une mesure injuste et inefficace

Parmi les mesures annoncées, le doublement des franchises médicales suscite de vives critiques. France Assos Santé rappelle que ces franchises ne s’appliquent que sur des soins prescrits, pointant la responsabilité première des prescripteurs, et non des patients, dans le recours aux soins.

« Faire porter la charge sur les seuls patients est non seulement injuste, mais inefficace », estime l’association, qui déplore l’absence de réflexion sur la régulation des prescriptions, principale source de surconsommation et de mésusage des soins. Une politique qui risque, selon elle, d’aggraver le renoncement aux soins, notamment pour les patients chroniques, déjà soumis à des restes à charge élevés.

ALD : le piège des mesures comptables

Sur les affections de longue durée (ALD), France Assos Santé dénonce une logique strictement comptable. Le Premier ministre a évoqué l’exclusion des traitements hors ALD de la prise en charge à 100 %, oubliant de préciser que ce principe est déjà appliqué via l’ordonnance bi-zone.

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Le traitement des patients en ALD nécessite, insiste l’association, un accompagnement renforcé en éducation thérapeutique et en prévention des complications. La suppression du remboursement de certains médicaments dits « de confort », essentiels pour la tolérance des traitements lourds, ferait peser un risque majeur de pertes de chances, notamment pour les patients précaires.

France Assos Santé propose d’associer les associations à une réflexion sur la juste prescription, l’intégration de la prévention dans le parcours de soins, et le développement d’une prise en charge globale par des équipes pluriprofessionnelles y compris avec des modes de rémunération adaptés.

Arrêts de travail : le rendez-vous manqué de la prévention

La politique envisagée sur les arrêts de travail suscite enfin l’incompréhension. France Assos Santé déplore l’abandon des services de santé au travail et de prévention, pourtant cruciaux à l’heure où le gouvernement veut allonger la durée de vie active.

L’association appelle à un changement de cap : « Il n’est plus acceptable de pointer du doigt la responsabilité des usagers dans l’augmentation des dépenses de santé », assène-t-elle. La puissance publique, estime-t-elle, doit d’abord assumer ses responsabilités sur l’offre de soins, en y associant les usagers.

« Ce n’est pas aux patients de compenser les renoncements de l’État », conclut France Assos Santé, qui rappelle son engagement pour une politique de santé fondée sur la prévention, la régulation des pratiques et l’équité d’accès aux soins.

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