Ça dérape déjà dans les EHPAD

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Publié le 6 février 2010
Par Francois Pouzaud
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Fin janvier, le comité chargé du suivi du déroulement sur les expérimentations de réintégration des médicaments dans le forfait de soins des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) a tenu sa première réunion. Pour l’heure, tout est loin d’être calé. L’arrêté ministériel sur la convention type EHPAD-Officine est toujours dans le circuit des signatures et le décret sur la préparation des doses à administrer (PDA) n’est pas encore sorti du Conseil d’Etat.

Philippe Gaertner, président de la FSPF, a insisté sur la « nécessité de définir un cadre qui garantit le respect de conditions déontologiques de cette expérimentation », et souhaité que « tous les acteurs soient dans ce cadre au moment de la généralisation ». Une exigence que partage Claude Japhet. Lors d’une réunion organisée le 19janvier dernier, le président de l’UNPF protestait : « Il est anormal d’avoir lancé une expérimentation qui met l’ensemble de la profession dans un vide juridique ».

La rémunération pour les bonnes œuvres !

Indiquant que 80 % des 515 000 résidents sont approvisionnés par des officines libérales, Philippe Gaertner s’inquiète, lui, du comportement de certains directeurs d’EHPAD. « Certains demandent aux pharmaciens référents de renoncer à leur rémunération de 0,35 € par résident et par jour ou de la reverser aux œuvres de la structure, d’autres font pression quant aux conditions tarifaires lorsque plusieurs pharmacies livrent l’EHPAD. »

« Il faudra faire preuve de vigilance sur l’enveloppe allouée à chaque EHPAD car il est impossible de savoir si elle est aujourd’hui bien calibrée, veiller à ce que les EHPAD remboursent rapidement les pharmaciens de la fourniture de médicaments pour ne pas grever leur trésorerie, définir quelques missions prioritaires du pharmacien référent sans se cantonner à la seule PDA, et mettre en place des outils d’évaluation assez puissants pour pouvoir entrer dans le détail des analyses », réclame Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO.

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Claude Japhet demande que soient quantifiés, dans le cadre de cette expérimentation, « le temps passé par l’officine, le service apporté et la valeur ajoutée, ce qui donnera une base pour la rémunération qui pourrait être accordée aux pharmaciens ». Et Gilles Bonnefond d’ajouter en ce qui concerne les pratiques d’appels d’offres : « Les officinaux doivent avoir les mêmes conditions d’achat que leurs confrères hospitaliers ; si l’expérimentation sert à faire le lit des PUI, alors on aura gâché l’esprit de la loi HPST. »