Pollution des océans : 5 filtres UV dans les crèmes solaires à éviter

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Pollution des océans : 5 filtres UV dans les crèmes solaires à éviter

Publié le 23 juillet 2025 | modifié le 24 juillet 2025
Par Mathilde Combel
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Les risques des filtres UV des crèmes solaires pour les récifs coralliens ont été évalués par l’Anses et l’OFB : cinq substances à risque ont été identifiées, les données restant limitées.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), avec l’appui de l’Office français de la biodiversité (OFB), a mené une expertise en 2023 pour évaluer les risques posés par la pollution chimique sur la santé des coraux. Cette évaluation a identifié une centaine de substances potentiellement toxiques pour les coraux, et a pu évaluer les risques pour une cinquantaine d’entre elles.

Parmi ces polluants figurent les filtres UV des produits solaires. Les experts estiment toutefois que l’inventaire des substances à risque reste incomplet et probablement minimisé.

Récifs coralliens : un trésor de biodiversité menacé par la pollution

Les récifs coralliens sont des écosystèmes abritant plus de 25 % de la biodiversité mondiale, bien qu’ils ne couvrent moins de 1 % de la surface des océans. Ces écosystèmes sont cependant en déclin, avec une estimation de 20 % des récifs mondiaux déjà détruits, sous la pression de multiples facteurs allant du niveau local (pollutions, surpêche, aménagements côtiers) au niveau mondial (changement climatique). Parmi les pollutions marines, les substances chimiques, y compris les filtres UV des crèmes solaires, représentent une menace significative.

Filtres UV des crèmes solaires : 5 substances pointées du doigt

Faute de données précises sur les concentrations de filtres UV dans les eaux des territoires ultramarins français, l’expertise s’est appuyée sur les niveaux observés dans d’autres zones marines étudiées dans la littérature scientifique. Parmi les onze filtres UV analysés, cinq ont été identifiés comme particulièrement préoccupants : le salicylate de 2-éthylhexyle, l’enzacamène, l’octocrylène, la benzophénone-3 et l’octinoxate (EHMC).

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L’enzacamène est déjà reconnu comme perturbateur endocrinien, affectant à la fois la santé humaine et les écosystèmes marins. Les autres filtres cités sont suspectés d’avoir des effets similaires et font actuellement l’objet d’évaluations dans le cadre du règlement européen REACH (Registration, Evaluation, Authorization of Chemicals).

En conséquence, les produits solaires contenant ces substances ne doivent pas se présenter comme « sans danger pour le milieu marin » ou « respectueux des océans ». Cela concerne notamment les formules à base d’octocrylène, pour lesquelles la France prépare un dossier de restriction auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), en raison des risques confirmés pour le milieu aquatique.

L’Anses pointe un déficit de données sur la toxicité des polluants marins

L’expertise de l’Anses souligne un point critique : le nombre de substances chimiques ayant pu être étudiées est très restreint par rapport au nombre total de contaminants présents dans l’environnement marin. Ce manque de données robustes, notamment sur les concentrations et la toxicité pour les coraux, a empêché l’évaluation d’autres groupes de substances comme les hydrocarbures, les produits pharmaceutiques ou les microplastiques.