L’huile essentielle de lavande fine : reine de l’aromathérapie

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L’huile essentielle de lavande fine : reine de l’aromathérapie

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Publié le 4 octobre 2025
Par Didier Pesoni
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Parmi les plus anciennes huiles essentielles et à l’origine de l’aromathérapie française, la lavande fine séduit par son potentiel thérapeutique exceptionnel. Elle est de nos jours la plus vendue en France. Sa complexité nécessite un conseil officinal éclairé.

Emblématique de l’aromathérapie, l’huile essentielle (HE) de lavande fine permit à René-Maurice Gattefossé, fondateur de l’aromathérapie moderne, de soigner, en 1910, de graves brûlures. La prise de conscience de son potentiel thérapeutique installa durablement les HE comme traitements naturels.

Originaire du sud de la France, son utilité est reconnue dans la prise en charge de l’anxiété, de la décontraction musculaire, de la prévention des poux et, surtout, en dermatologie, où elle excelle par ses propriétés cicatrisantes.

Inscrite à la Pharmacopée française et européenne, elle est aussi largement documentée par les instances internationales : l’European Medicines Agency (EMA), l’European Scientific Cooperative on Phytotherapy (Escop), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Commission E allemande.

La lavande fine bénéficie de labels de qualité comme l’appellation d’origine protégée de Haute-Provence.

Les 5 points clés à vérifier sur le flacon

Nom vulgaire  : lavande fine.
Nom latin : Lavandula officinalis Chaix.
Lieu d’origine où a poussé́ la plante : France, Italie, Europe.
Organe producteur : fleurs.
Composition : acétate de linalyle, linalol, ocimène.

Huile essentielle de lavandes et teneur en camphre

Le nom lavande regroupe plusieurs plantes qui produisent des HE aux profils pharmacologiques très différents.

On distingue, d’une part, les espèces dites « originelles » – la lavande officinale ou fine (Lavandula angustifolia), la lavande aspic (Lavandula latifolia) – et, d’autre part, les espèces hybrides, issues de croisements naturels ou clonaux, appelées lavandins.

En aromathérapie, ce sont surtout la lavande fine, la lavande aspic et le lavandin abrial qui sont utilisées, chacune présentant un profil biochimique et thérapeutique particulier. La lavande fine est la seule autorisée chez l’enfant à partir de 30 mois et jusqu’à 7 ans, en raison de son taux très faible de camphre (inférieur à 1 %). Les lavandins en contiennent environ 8 %, la lavande aspic environ 15 %, et la lavande stoechade (Lavandula stoechas), composée de 16 à 50 % de camphre et de fenchone (cétone potentiellement neurotoxique, selon Robert Tisserand), est à éviter en aromathérapie et en pharmacie.

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Pour aller plus loin

Demandez à votre fournisseur le bulletin d’analyse qui récapitule toutes les informations, dont la liste exhaustive des composants et le respect des normes de qualité. Pour la lavande fine, les références spécifiques sont la Pharmacopée européenne (monographie Ph. Eur. 1472), la norme de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) 3515, l’ancienne norme de l’Association française de normalisation (Afnor) T75-106 et l’appellation d’origine protégée (AOP) Haute-Provence pour certaines productions.

Huiles essentielles équivalentes

Le lavandin abrial, hybride naturel de la lavande fine et aspic, est plus économique et son usage est proche de la lavande fine.

Comme l’HE de lavande fine, le petit grain bigaradier est une HE riche en acétate de linalyle et linalol, ce qui en fait une solution de remplacement intéressante pour les conseils liés au stress, à l’anxiété et aux troubles du sommeil.

Associations synergiques intéressantes

La lavande fine forme des associations particulièrement efficaces avec le palmarosa (géraniol) pour renforcer son effet répulsif, avec l’ylang-ylang (anti-inflammatoire) pour apaiser l’eczéma, avec le romarin à cinéole pour compléter son action décontracturante par un effet circulatoire, et avec la camomille noble, dont les esters proches de l’acétate de linalyle potentialisent son action relaxante en cas de stress.

Propriétés et indications

Les propriétés de la lavande fine sont issues de l’usage traditionnel.

  • Relaxant psychique utilisé pour l’anxiété, le stress, l’agitation, la colère et l’insomnie.
  • Décontractant musculaire indiqué pour les contractures, les crampes, les torticolis, la détente musculaire après l’effort.
  • Répulsif antipoux.
  • Cicatrisant, réparateur de la peau et des muqueuses, utilisé pour les brûlures, la cicatrisation des plaies, les allergies cutanées (eczéma, psoriasis, urticaire), les plaies atones (ulcères, escarres).

Précautions d’emploi

Pour les peaux réactives, effectuez un test cutané préalable.

Déconseillée chez les patients asthmatiques.

Éviter la voie orale pour les moins de 7 ans, privilégier la voie cutanée (diluée) ou la diffusion à partir de 30 mois. Pour écarter les patients allergiques, réaliser un test de tolérance cutanée.

Contre-indications

  • Femmes enceintes et allaitantes,
  • Nourrissons de moins de 30 mois,
  • Patients épileptiques.

La lavande fine est-elle un perturbateur endocrinien ?

Depuis 2007, quelques cas de gynécomastie prépubertaire ont été médiatisés et attribués à l’HE de lavande ou de tea tree (Henley, Ramsey). Ces travaux reposaient sur des tests in vitro réalisés à des concentrations irréalistes et sur des observations cliniques où la présence réelle d’HE n’a jamais été confirmée.

En 2019, une analyse indépendante des produits incriminés a montré qu’ils ne contenaient pas d’HE de lavande, mais uniquement des fragrances de synthèse (Consortium HE, analyses GC-MS). Les données plus récentes, issues des travaux de Hawkins et al. (2020-2021), concluent que la majorité des cas rapportés n’impliquaient pas réellement d’HE de lavande et qu’aucune augmentation de troubles endocriniens n’a été observée chez les enfants exposés. Les connaissances scientifiques actuelles invalident donc la suspicion d’un effet perturbateur endocrinien. Tout indique que l’HE de lavande fine est sûre dans ses usages recommandés.

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