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L’huile essentielle de gaulthérie pour les douleurs aiguës
Star incontestée de l’aromathérapie, l’huile essentielle de gaulthérie s’utilise en massage pour soulager les douleurs aiguës, qu’elles soient musculaires, tendineuses, ligamentaires, articulaires ou neurologiques. Sa richesse en dérivés salicylés fait d’elle une véritable « aspirine aromatique ».
Il existe deux huiles essentielles (HE) de gaulthérie : Gaultheria procumbens (ou couchée, de Chine) et Gaultheria fragrantissima (ou odorante, du Népal). Si leur composition biochimique et leurs propriétés thérapeutiques sont identiques, leurs caractéristiques organoleptiques diffèrent nettement et les amateurs avertis préfèrent souvent Gaultheria fragrantissima. Les deux espèces contiennent plus de 98 % de salicylate de méthyle. Mais la plante népalaise, surnommée la « Rolls » des gaulthéries, séduit par sa teinte rouge caractéristique, son parfum floral, sa distillation encore réalisée dans des alambics traditionnels en cuivre et son impact éthique en soutenant les communautés locales.

Ces HE possèdent des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires particulièrement puissantes et rapides. Très active contre les douleurs aiguës, la gaulthérie s’emploie principalement en massage, diluée dans une huile végétale de calophylle ou d’arnica. Son usage pur est possible et apprécié par les sportifs ou les patients arthrosiques pour son effet chauffant, à condition que celui-ci soit bien toléré.
Le salicylate de méthyle
Le salicylate de méthyle de l’HE de gaulthérie est transformé en acide salicylique après absorption cutanée. Ce métabolite actif est responsable de l’effet antalgique, anti-inflammatoire et rubéfiant de l’HE.
Comme l’aspirine, il inhibe la production de prostaglandines en bloquant les enzymes COX, mais de façon réversible et sans acétylation des protéines. Cela explique une action anticoagulante moins marquée et une meilleure tolérance, notamment digestive.
Si la voie orale est possible à très faible dose, elle reste marginale : son rapport efficacité/toxicité est nettement moins favorable qu’en application cutanée, contrairement à l’aspirine ou aux plantes riches en salicylés comme la reine-des-prés ou le saule blanc, dont l’usage privilégié reste la voie orale.
Appliqué localement, le salicylate de méthyle induit une vasodilatation accompagnée d’une sensation de chaleur, qui contribue à soulager la douleur et à faciliter la circulation veineuse.
La molécule est présente dans de nombreuses préparations topiques contre la douleur comme les baumes ou les gels chauffants (par exemple, Inongan, Baume Arôma). Mais dans ces formules, le principe actif est généralement synthétique.
Propriétés et indications
Antalgique, anti-inflammatoire, indiqué pour : l’entorse, la tendinite, les douleurs articulaires et musculaires, la sciatique, le syndrome du canal carpien, les douleurs aiguë et neurologique, la lombalgie, l’hernie discale, l’épine calcanéenne.
Rubéfiant indiqué pour : la préparation des muscles à l’effort, la douleur musculotendineuse posteffort.
HE équivalentes
Si les deux HE de gaulthéries couchée et odorante sont moléculairement « équivalentes », il existe une autre HE similaire moins connue, l’HE d’écorce de bouleau (Betula lenta L.). Celle-ci est aussi composée majoritaire de salicylate de méthyle avec un taux supérieur à 90 %.
Associations synergiques intéressantes
Pour améliorer l’action anti-inflammatoire et antalgique en massage
Les HE de la famille des aldéhydes, le lemon grass, la litsée et l’eucalyptus citronné, renforcent et élargissent l’action du salicylate de méthyle.
Diluée dans une huile végétale de calophylle ou d’arnica, l’association gaulthérie et eucalyptus citronné donne des résultats rapides en cas de douleurs musculaires, tendineuses, ligamentaires ou neurologiques. C’est l’une des recettes favorites des kinésithérapeutes et des sportifs pour traiter la douleur ou accélérer la guérison d’une tendinite ou d’une entorse.
Pour une action anti-inflammatoire prolongée
Les HE à sesquiterpène, comme celles de gingembre, d’ylang-ylang ou de chanvre, prolongent l’action anti-inflammatoire du salicylate de méthyle. L’association avec l’HE de gaulthérie est intéressante pour traiter les poussées d’arthrose par voie cutanée, diluée.
Pour éliminer l’acide lactique et favoriser la récupération après l’effort
Une HE circulatoire, comme l’HE de romarin 1,8 cinéole, peut être associée à la gaulthérie, diluées l’une et l’autre dans une cuillère à café d’huile d’arnica, en massage sur les muscles après l’effort.
Pour prendre le relais en cas de douleur ou d’inflammation chronique, après la phase aiguë
Une HE antalgique douce, comme l’HE d’encens ou de genévrier, peut remplacer la gaulthérie durant la phase d’entretien, diluée dans une cuillère à café d’huile végétale de calophylle ou de macadamia.
Précautions d’emploi
Pour les peaux réactives, effectuer un test cutané préalable et privilégier une dilution plus élevée. Ne pas utiliser sous des collants ou des bas de contention et en pansement occlusif. Éviter la voie orale et la diffusion. S’abstenir chez les patients de moins de 7 ans. La plus grande prudence s’impose (surtout en usage prolongé) chez les patients sous traitement anticoagulant. Déconseillée chez les patients asthmatiques.

Usage aigu : 1 à 4 semaines au maximum en continu.
Contre-indications
Femmes enceintes et allaitantes, nourrissons de moins de 30 mois, patients épileptiques, patients allergiques aux dérivés salicylés et à l’aspirine.

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