Plume de lait

Allaiter, c’est parfois compliqué. Charlène le constate avec son premier enfant. Jeune maman, elle choisit d’allaiter, mais des douleurs et un manque d’informations écourtent sa démarche deux mois plus tard. « Les futures mères ne pensent pas à se renseigner sur l’allaitement et n’en découvrent les problématiques qu’une fois qu’elles y sont confrontées. Quant à l’équipe officinale, elle n’est pas d’un grand secours. Son conseil est très rudimentaire ? », remarque Charlène, qui se lance alors le défi de rédiger un guide pour mamans allaitantes(1).

Six mois de travail intense

« Un collègue pharmacien venait d’écrire un livre sur les huiles essentielles. Sur son conseil, j’ai contacté son éditeur, à qui j’ai proposé de faire un ouvrage sur l’allaitement… Ce qu’il a accepté », raconte Charlène. Suivent six mois de travail intense, le midi à l’officine, les soirs, week-ends et jours de congé, pour boucler dans les délais impartis. « J’apportais mon ordinateur au travail pour effectuer mes recherches le midi, se souvient-elle. Durant ma pause, je naviguais sur les sites des laboratoires, ou d’associations comme la Leche League, pour voir ce qui existait et trouver comment traiter le sujet. J’envoyais également des mails pour recueillir des témoignages ». Charlène enquête in situ aussi. Certaines questions de clientes sont récurrentes : « Je ne pense pas avoir assez de lait maternel, dois-je donner du lait artificiel en complément ? » et « Je tente de sevrer mon bébé, mais il refuse le biberon, que faire ? » Avec trois maternités à proximité, les mères allaitantes sont légion au comptoir, et ce, « dans toute leur diversité », précise la préparatrice, qui trie les informations récoltées « par thèmes qui ont constitué le sommaire de mon guide ». Un travail soutenu par un papa journaliste. « L’éditeur m’a laissé une liberté totale… c’en était stressant. Mon père m’a rassurée, il m’a aidée à m’organiser. Nous avons calculé ensemble le nombre de pages à rédiger par jour. À la fin, il a tout relu et a pointé les phrases peu claires afin que je les reformule ».

Formation au sein

Sa spécialité est désormais reconnue. « Les clientes viennent chercher le conseil, elles savent maintenant où le trouver », se réjouit Charlène, également consultée à l’officine pour le référencement. Elle travaille vitrines et agencements pour promouvoir le matériel d’allaitement. Et réfléchit déjà à d’autres améliorations : « J’aimerais créer une procédure qualité standardisée pour renseigner les clientes sur le choix du matériel adapté et pour apporter des réponses aux éventuels problèmes ». En attendant, Charlène continue de se former… et commence à former les autres. « À une soirée de formation de l’ASFO Pharma, j’ai effectué une toute petite intervention sur le soutien des pharmacies aux mères allaitantes, lâche-t-elle, modeste. Je souhaiterais contribuer à la formation officinale pour “démocratiser” le sujet, en complément de mon métier » Ou à la place… « La pharmacie a besoin d’aide pour développer son conseil et fidéliser ses clients. »

(1) Le guide de l’allaitement maternel, Charlène Janiaux, éditions Ideo, 15 €.

Charlène Janiaux

Âge : 34 ans.

Formation : BP de préparatrice en pharmacie. Conseillère en dermo-cosmétique (diplôme Botticelli).

Lieu d’exercice : Buchy (Seine-Maritime).

Ce qui la motive : le changement, les nouveaux défis.

Si vous étiez un titulaire ?

Je serais à l’écoute de la personnalité, des compétences et des centres d’intérêt de mes salariés, prêt à les aider à se spécialiser au maximum dans leur domaine.

Si vous étiez une cliente ?

Je serais en attente de professionnels à l’écoute, attentifs à mon cas, et qui me posent des questions pour identifier au mieux les raisons de ma visite.

Si vous étiez un médicament ?

Un vaccin, qui agit sur la prévention plutôt que sur la guérison.