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Dragueur ? Non, harceleur !
Stopper le harcèlement sexuel. Sans confusion possible avec la séduction, le harcèlement sexuel est un acte de violence. La prévention est de mise. Quand elle échoue, se protéger est essentiel.
Séduction ou harcèlement ?
La séduction exige un « oui »
Le rapport de séduction requiert un consentement de l’autre. Une personne qui souhaite séduire a des propos et des comportements positifs et respectueux.
→ Si elle taquine, c’est avec bienveillance.
→ La « drague » ne relève pas du harcèlement. C’est une tentative d’entrer dans un rapport de séduction.
→ Si le « dragueur » tient des propos ou adopte des comportements à connotation sexuelle, il reste attentif et à l’écoute de ce que cela produit chez l’autre. Ainsi, la personne charmée se sent bien, respectée, désirée, en sécurité.
→ Si la personne réagit en disant : « Tu vas trop loin », « Tu me mets mal à l’aise », si elle affiche un sourire gêné ou cherche à l’éviter, l’intéressé, attentif, comprend tout de suite qu’il a été maladroit et s’arrête.
Le harcèlement est sourd
Si les avances ou les allusions se poursuivent après un refus ou un doute sur le consentement, la réciprocité devient caduque et le harcèlement s’installe. Quand un préparateur se trouve en difficulté pour repousser les avances d’un collègue, il est déjà victime de harcèlement sexuel.
→ L’article L. 1153-1 du Code du travail définit ce délit. Il s’agit de propos ou de comportements à connotation sexuelle ou sexiste répétés qui portent atteinte à la dignité, soit parce qu’ils sont dégradants ou humiliants, soit parce qu’ils placent une personne dans une situation intimidante, hostile ou offensante. La répétition peut être espacée dans le temps.
→ Le fait du groupe. Le harcèlement sexuel est également constitué si ces propos ou comportements sont prononcés ou adoptés une seule fois, par plusieurs personnes, si ces dernières étaient au courant de leur répétition, qu’elles se soient concertées ou non.
→ Toute forme de pression grave, même non répétée, exercée dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle au profit de l’auteur des faits ou d’une autre personne est assimilée à du harcèlement sexuel.
→ L’absence de consentement n’est pas obligatoirement formulée de façon explicite ou immédiate : silence gêné, confidence ultérieure sur la gêne, rire nerveux…
→ Le harcèlement sexuel n’est pas une « drague » maladroite, ni de l’humour mal compris. Il ne s’agit pas d’une version « lourde » de la « drague ». Ce n’est pas une différence de degré, mais de nature, qui les distingue. Le harcèlement sexuel se caractérise par des propos ou des comportements à connotation sexuelle dans une optique de domination. Il s’agit d’un comportement violent. Depuis le 31 mars 2022, les propos ou comportements sexistes, c’est-à-dire discriminatoires envers le sexe opposé, sont constitutifs de harcèlement sexuel dans les mêmes conditions.
Un impact conséquent
Le harcèlement sexuel entraîne souvent des difficultés professionnelles. Un tiers des victimes déclarent une atteinte de leur santé physique et/ou mentale
Identifier
Repérer
Les gestes ou les propos à connotation sexuelle tenus sans tenir compte du consentement, un environnement de travail qui tolère les blagues à caractère sexuel, le chantage sexuel et l’envoi de messages à caractère pornographique sont les actes de harcèlement sexuel les plus rapportés.
→ Actions verbales : plaisanteries obscènes, compliments appuyés, critiques insistantes sur le physique, le comportement ou la tenue vestimentaire, questions intrusives sur la vie intime, dénigrement du conjoint de la victime, confidences impudiques, volonté de créer une intimité inadaptée, incongrue ou précipitée…
→ Lettres, SMS, mails, photos ou vidéos à caractère pornographique, érotique ou suggestif envoyés, volontairement laissés à vue ou montrés…
→ Les attitudes : regarder la poitrine ou détailler la silhouette avec insistance, siffler la personne, mimer un acte sexuel ou simplement rechercher une promiscuité physique (caresser le dos en posant une question…). Lui bloquer le passage, tenir la collègue par la taille en la croisant derrière le comptoir, lui proposer de partir en week-end ou lui faire un cadeau trop intime…
→ Le harcèlement sexuel d’ambiance ne vise pas nécessairement la victime. Il peut être caractérisé si celle-ci évolue dans un environnement professionnel marqué par des comportements et propos sexistes ou à connotation sexuelle.
Pointer les stratégies
Les stratégies de l’auteur – inconscientes ou non – visent à faire douter la victime quant à la réalité du harcèlement, à décrédibiliser ses propos auprès des collègues, ou à faire passer des comportements répréhensibles pour de l’humour ou de la séduction. L’auteur affaiblit la victime, assoit une sorte de pouvoir, tout en garantissant son impunité.
→ Il discrédite la victime auprès des collègues : « Muriel aime beaucoup faire parler d’elle, non ? », « Je l’ai encore entendue se plaindre des adjoints », « Je la trouve un peu parano », « Attention quand tu t’adresses à elle, elle interprète tout », pour l’isoler, afin d’éviter qu’elle se confie ou, à défaut, pour décrédibiliser ses propos.
→ Il se montre amical et complice avec la victime en public : « Tout va bien ? Tu t’en es sortie avec la commande de monsieur Durand ? Il est insistant, n’hésite pas si tu veux qu’on t’épaule ».
→ Il ménage des périodes d’accalmie, ôtant les doutes dans l’esprit de l’entourage, laissant même parfois la victime penser qu’elle dramatisait la situation. Puis, les comportements reprennent.
Au titulaire d’agir
→ Depuis le 1er janvier 2019, un référent harcèlement sexuel doit être nommé par et parmi les membres du comité social et économique (CSE) dans les entreprises de plus de onze salariés.
→ Selon l’article L. 4121-1 du Code du travail, l’employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
→ Poser le cadre et véhiculer un message ferme, via des actions de sensibilisation, fera prendre conscience à certains de leurs comportements inappropriés.
→ Le titulaire doit sécuriser la parole des personnes qui voudraient rapporter des faits de harcèlement sexuel, en tant que témoins ou victimes.
→ Si le harceleur est un client. Le titulaire doit protéger son préparateur. Il doit dire au client de se reprendre : « Monsieur Martin, vous ne pouvez pas vous adresser à nous de cette manière. Cela nous met mal à l’aise ». Si le comportement persiste, faire en sorte au moins qu’il ne soit plus servi par la personne harcelée : « Julien va s’occuper de vous dans quelques minutes. Veuillez patienter, s’il vous plaît ».
Se protéger
En parler ou pas
La peur des représailles, de ne pas être crue, de perdre son emploi poussent 29 % des victimes à garder le silence
Être en arrêt de travail
En cas de litige ou d’enquête ultérieure, le fait d’avoir été arrêté par un médecin plaidera en faveur du harcelé.
Signaler
→ Mettre par écrit les actes subis. « Tel jour, à telle heure, tel collègue m’a dit ceci ». Tracer les faits de manière chronologique. Avant de se décider à signaler, les victimes ont fréquemment tenté de résister seules. Il y a souvent de nombreux actes, qui, mis bout à bout, permettront de déceler la stratégie du harceleur.
→ Le jour J. Doubler le signalement oral d’un écrit, courrier recommandé, e-mail, permettra d’en conserver une preuve en cas de licenciement abusif ou de répercussions sur sa carrière.
→ Dès que le titulaire est alerté, il doit enquêter, et sanctionner l’auteur.
Porter plainte au pénal
Cette procédure longue, lourde, éprouvante peut être salutaire, si la victime a besoin d’une condamnation en justice pour faire le deuil de ce qu’elle a subi et aller de l’avant. L’auteur s’expose au versement de dommages et intérêts à la victime, et à des peines pouvant aller jusqu’à deux ans de prison et 30 000 € d’amende, et trois ans de prison et 45 000 € d’amende en cas d’abus d’autorité (supérieur hiérarchique…).
Harcelés et harceleurs
(1) → 20 % des femmes actives disent avoir été confrontées à une situation de harcèlement sexuel au cours de leur vie professionnelle. Toutes les catégories socioprofessionnelles et tous les secteurs d’activité sont concernés, avec une prédominance chez les ouvrières et, dans une moindre mesure, les professions intermédiaires. Une prépondérance d’hommes, une faible mixité et une culture de métier historiquement masculine sont un terreau favorable.
→ Chez les 20-69 ans, 1 femme en emploi sur 40 et 1 homme en emploi sur 80 indiquent avoir été confrontés à une telle situation sur une année donnée.
→ La très grande majorité des harceleurs sont des hommes. Les collègues sont davantage pointés que les supérieurs hiérarchiques.
→ Les victimes sont le plus souvent jeunes, homosexuelles, bisexuelles, vivent le plus fréquemment seules ou sont en situation de monoparentalité.
Avec l’aimable collaboration de Morgane Cantrelle, consultante et formatrice en prévention des violences sexuelles et sexistes au travail. Plus d’informations sur https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=20252
(1) Enquête sur le harcèlement sexuel au travail, à lire sur defenseurdesdroits.fr
Source : dalloz-actualite.fr/fiash/nouvelle-definition-duharcelement-sexuel-dans-code-du-travail
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