Transactions d’officines en 2024 : 7 points à retenir

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Transactions d’officines en 2024 : 7 points à retenir

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Publié le 23 avril 2025
Par Julien Descalles
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Diminution des marges, hausse des charges, évolution des critères de valorisation... Le marché de la transaction officinale connaît d'importantes mutations. Les points à retenir de l'enquête annuelle Interfimo.

Évolution du nombre des mutations

Le nombre de cessions de fonds est historiquement bas, ces transactions ne représentant plus que 53 % des opérations. La traduction d’une situation politique, économique, géopolitique incertaine, rendant les investisseurs frileux et les prêteurs méfiants. C’est aussi la conséquence d’un marché qui se resserre, confronté à la baisse depuis plusieurs années du nombre d’officines sur le territoire.
Face à des pharmacies de plus en plus grandes, encouragées aussi par l’aspiration à exercer en groupe, associations et cessions de titres gagnent logiquement du terrain (47 % des transactions).

Taux de rotation par région (en nombre de mutations pour 1 000 officines)

Avec 74 mutations pour 1 000 officines en 2024 (contre 81 l’année précédente), le taux de rotation national se contracte. Si l’Île-de-France (71 pour 1 000 officines en 2024) et le Grand Est (61 pour 1000 en 2024) connaissent les plus fortes baisses, les régions PACA et Corse sont à l’inverse les plus dynamiques.

Évolution du prix de cession moyen (en % du CA)

La baisse du prix de cession moyen se poursuit. Sur les officines de plus de 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires annuel, la chute s’accélère, passant de 84 % à 76 % du CA. Aucune région n’échappe à cette baisse des prix. Un effet croissant de dispersion a par ailleurs été constaté, avec 3 transactions sur 5 réalisées entre 63 % et 91 % du CA. Quant aux officines de moins de 1,2 million d’euros, elles atteignent pour leur part un prix de cession historiquement bas avec 54 % du CA. La conséquence d’une régulation du marché de la transaction face à la baisse de la rentabilité de l’officine. Sur ces petites surfaces, l’effet dispersion est en forte progression, avec 3 transactions sur 5 comprises entre 34 et 68 % du CA. Enfin, l’Île-de-France, qui enregistre près d’1/4 de ces transactions, supporte la plus forte baisse avec un prix de vente moyen de 44 % du CA.

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Évolution du taux d’excédent brut d’exploitation (EBE) (en %)

Représentant 8,6 % du chiffre d’affaires, le niveau du taux d’excédent brut d’exploitation est historiquement bas en 2024. Loin, très loin des 13,7 % de 2022, année record ! Cette diminution est le résultat à la fois de la baisse de la marge brute, des grilles de salaire du personnel revus à la hausse, de l’inflation des loyers et des charges énergétiques ainsi que le poids croissant des charges de leasing pour certains matériels, les cabines de téléconsultation en tête.

Ouvertures des procédures collectives

Avec 140 ouvertures de procédures collectives en 2024, contre 97 l’année précédente, le nombre de défaillances dans le secteur de la pharmacie est en hausse, à commencer par les redressements – 51 contre 28 en 2023. La faute à la hausse des tarifs de l’énergie, du niveau élevé des taux d’intérêt et de l’arrêt des aides d’Etat établies durant la crise du Covid-19. Toutefois, ce chiffre est à relativiser si on le compare au taux de défaillance des entreprises toutes professions confondues : 67 830 procédures lancées, un niveau inédit depuis 2009 (source Altares).

Comparatif entre l’évolution du prix de cession moyen et celle de l’excédent brut d’exploitation (en euros)

La baisse des prix de cession n’est pas aussi forte que celle subit par le taux d’excédent brut d’exploitation (EBE), ce qui signifie que le marché n’a pas suffisamment intégré la baisse de la rentabilité de l’officine dans les prix de cession.