Peau de banane

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Publié le 18 novembre 2023
Par Laurent Lefort
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S’agit-il d’une maladresse calculée ? Répétée même. Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé et de la Prévention, n’a pas hésité à pointer du doigt la responsabilité des pharmaciens d’officine dans les pénuries de médicaments. Pensez donc, des adeptes du surstockage en puissance. L’assertion est déstabilisante car à l’emporte-pièce. Et si le but était précisément de déstabiliser ? De fissurer un tout petit peu, mais juste ce qu’il faut, une image en béton aux yeux des patients ? Pas n’importe quand. Quelques semaines avant le début de négociations économiques qui s’annoncent suffisamment âpres pour conduire en amont à une mobilisation le 21 novembre. Une mobilisation elle-même suffisamment rare dans la profession pour, à son tour, « perturber » un gouvernement qui a besoin de tous les professionnels de santé, sans exception. Alors, bien sûr, certains jugeront les actions choisies trop timorées ou mal adaptées. Les questions essentielles à se poser sont-elles vraiment dans les moyens adoptés ? Non. « Est-ce que ça va bien pour moi aujourd’hui ? », « Est-ce que je peux encore tenir longtemps si rien ne change ? », « Les difficultés de recrutement et le risque de concentration du réseau officinal ne sont-ils pas plus que des épouvantails agités depuis des années ? », « Me donne-t-on les moyens de développer les missions que l’on attend de ma profession, pour que, moi-même, je reste dans le coup ? ». Un seul « non » à l’une de ces questions justifie de répondre sans hésitation « oui » à cette dernière : « Est-ce que j’ai vraiment envie de me mobiliser ? »

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