Virtuellement vôtre

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Publié le 28 janvier 2017
Par Laurent Lefort
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C’est notre lot quotidien. Nous recevons à la rédaction des dizaines de dossiers et autres invitations à des conférences de presse. Dans cette grande loterie éditoriale, certains sujets retiennent notre attention plus que d’autres. A l’image d’un communiqué envoyé à l’occasion du lancement en France de Zavamed. Ce site de consultation médicale en ligne permet de se faire délivrer une ordonnance, allez on s’accroche, sans rendez-vous en face-à-face avec un médecin. Il est vanté comme un moyen de proposer un accès au soin discret « sur des sujets parfois considérés comme tabous » (IST). De là à en déduire que le médecin délivre une ordonnance sans avoir ausculté le malade… Oh, tout de même, le patient répond en ligne à un questionnaire de santé analysé par un médecin, a priori basé à Londres. Si la situation le nécessite, il rédigera une ordonnance qui pourra être retirée en officine ou réceptionnée au domicile du patient. Le site, qui répond à un besoin conjoncturel (traduisez : « tous ces patients pressés dont le biorythme est incompatible avec l’attente pour obtenir un rendez-vous médical »), loue le pharmacien, « véritable maillon de ce service ». Véritable maillon tout court. Et si, pour une fois, la réalité s’inspirait de la virtualité ? Un médecin peut prescrire un médicament à partir d’un simple questionnaire déclaratif, qu’à cela ne tienne. Mais qu’attendons-nous au juste pour permettre aux pharmaciens de disposer comme ils l’entendent des quelques molécules aujourd’hui réservées, sans réel motif sérieux, à la prescription ? Histoire d’être en ligne avec les nouveaux visages de cette patientèle qu’ils accueillent et conseillent. Sans rendez-vous et au bas mot 12 heures par jour.

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