Préparation des doses à administrer : faire grève ou pas ?

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Préparation des doses à administrer : faire grève ou pas ?

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Publié le 17 septembre 2025 | modifié le 18 septembre 2025
Par Matthieu Vandendriessche
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À ce jour, le mot d’ordre des syndicats enjoignant les officines à suspendre leur activité de préparation des doses à administrer (PDA) pour dénoncer la baisse du plafond de remises sur les génériques n’est pas réellement suivi. Des pharmaciens veulent faire entendre leurs revendications par d’autres moyens.

L’officine d’Aurélie Yèche, à Montpellier (Hérault), sera porte fermée jeudi 18 septembre tout en continuant d’assurer son activité de préparation des doses à administrer (PDA). La titulaire maintient ce service pour ne pas désorganiser le travail des équipes soignantes dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) qu’elle approvisionne. Sur le terrain, l’appel des syndicats de pharmaciens, début septembre, à suspendre la PDA en rétorsion à la baisse du plafond des remises sur les génériques semble peu suivi. Dans les Alpes-Maritimes, département qui compte de nombreux Ehpad privés, la dynamique n’est pas enclenchée. « La question se pose encore. Comme pharmacien, ce n’est pas notre façon de faire que de lâcher les patients du jour au lendemain. Si l’on arrête la PDA, ce sont les Ehpad qui devront prendre le relais. Or ils ne sont ni équipés ni en effectif suffisant pour cela », rapporte un important pourvoyeur de sachets-doses dans le département. Sa prévision ne surprendra personne : « La marge dégagée sera nettement moindre qu’au comptoir du fait des charges liées à cette activité nécessitant un travail en amont et en aval de la préparation. »

Des autorités préoccupées

Dans les Alpes-Maritimes, le syndicat départemental a envoyé un courrier aux directeurs d’Ehpad pour les informer de l’initiative et tenter de les rallier à la cause des pharmaciens. « Chacun comprend bien que la situation économique des officines n’est pas tenable aujourd’hui », souligne Raphaël Gigliotti, représentant de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dans le département. Des pharmaciens fortement impliqués dans la PDA et fédérés entre eux sont en lien avec les représentants syndicaux qui tentent de trouver une solution de rentabilité quelle que soit la position du nouveau gouvernement sur le sujet. L’agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur s’est adressée aux directeurs d’Ehpad pour avoir un retour de la situation sur le terrain. Preuve de la préoccupation des autorités sanitaires, les pharmacies hospitalières ont été sollicitées – sans succès – pour envisager une alternative pour préparer les traitements.

Une structure lobbyiste

Autre initiative, celle de la société leader dans l’équipement automatisé de PDA Robotik Technology. Elle veut fédérer ses clients pharmaciens, et même au-delà, pour mettre en place un nouveau modèle de rémunération. « Il s’agit d’une structure de lobbying regroupant des pharmaciens dispensateurs et impliqués comme référents pour leurs Ehpad qui soient capables de leur apporter des solutions au travers d’une démarche qualité », explique Christian Sauné, titulaire à Toulouse (Haute-Garonne) et consultant pour Robotik Technology. En contrepartie de cet engagement, les établissements, « qui ne peuvent plus se passer de la PDA aujourd’hui », seraient mis à contribution. Les groupes d’EHPAD sollicités ne se montrent généralement pas fermés à la discussion. « Si nous sommes rémunérés à hauteur de 0,20 € par jour et par résident, soit près de 500 euros par mois pour un Ehpad en moyenne, cela pourrait compenser en partie la perte de marge. » Une démarche complémentaire est entreprise auprès des ARS, faisant en sorte qu’ils mobilisent des fonds. « C’est maintenant que cela se joue. L’idée est de mettre un pied dans la porte avant qu’elle ne se referme », appuie Christian Sauné.

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