« J’ai reçu une balle dans l’œil à pleine vitesse ! ». Après un traumatisme, il convient d’orienter le patient vers un service d’urgence afin d’évaluer l’atteinte du globe oculaire. Quelques conseils peuvent cependant être transmis dans l’attente de la prise en charge.
Contexte
Quelle que soit la nature du traumatisme, les premiers soins doivent être prudents, l’orientation vers un service d’urgences ophtalmologiques étant généralement indispensable.
Deux règles sont à respecter dans tous les cas :
n’instiller aucun collyre qui pourrait soulager le malade sans avis médical, car il pourrait nuire à l’examen ophtalmologique et masquer d’éventuelles complications,
ne jamais appuyer sur le globe oculaire en raison du risque d’aggravation des éventuelles lésions.
Contusions
Contexte
Les contusions, qui résultent d’un choc sur l’œil, surviennent le plus souvent lors d’activités sportives, particulièrement lors de jeux de balles (tennis, golf, baseball, par exemple). Elles peuvent se manifester par une hémorragie sous-conjonctivale, un œdème palpébral, un hyphéma (épanchement de sang dans la chambre antérieure de l’œil), voire un décollement de la rétine.
Conduite à tenir
Un examen ophtalmologique est nécessaire pour s’assurer de l’absence de plaie du globe oculaire. En attendant, protéger l’œil fermé avec un pansement non compressif.
Plaies par corps étranger
Contexte
Les plaies non perforantes peuvent être provoquées par un corps étranger altérant la surface de la cornée : limaille, ongle, feuille de papier, branche d’arbre, griffe de chat, etc. La douleur est généralement importante, avec photophobie et larmoiement ; l’œil est rouge et l’acuité visuelle peut être diminuée.
Les plaies perforantes, où l’atteinte est plus profonde, peuvent survenir lors d’accidents domestiques (couteaux, fléchettes, par exemple), d’accidents du travail ou de bricolage (comme des éclats lors d’utilisation d’un burin ou d’une débroussailleuse) ou d’accidents de la voie publique (bris de pare-brise, de lunettes, etc.).
Conduite à tenir
Dans tous les cas, la consultation s’impose et le statut vaccinal tétanique est à contrôler. Protéger l’œil avec un pansement non compressif, voire avec une coque. En cas de plaie non perforante, le corps étranger sera ôté par le médecin, si besoin sous anesthésie topique, un collyre antiseptique ou antibiotique et une pommade cicatrisante seront prescrits pendant quelques jours. Une plaie perforante est une urgence, dont la prise en charge hospitalière associe un scanner orbitaire afin d’éliminer la présence d’un corps étranger intraoculaire, une antibioprophylaxie générale et une intervention chirurgicale.
Réponse : une hémorragie sous-conjonctivale. Rougeur en nappe localisée ou diffuse, non douloureuse, sans baisse d’acuité visuelle, elle inquiète alors qu’elle est habituellement bénigne, liée le plus souvent à une fragilité capillaire. Elle disparaît spontanément en 1 à 3 semaines et ne nécessite aucun traitement. À l’interrogatoire, éliminer un traumatisme, une prise d’anticoagulant, une hypertension artérielle ou un diabète qui nécessitent une consultation médicale.
Brûlures oculaires
Contexte
Les brûlures oculaires peuvent survenir lors d’accidents domestiques (par exemple, avec des produits ménagers), professionnels (industries du verre ou du textile) ou encore lors d’agressions (gaz lacrymogène). Parmi les produits incriminés, les bases pénètrent plus profondément dans les membranes des cellules que les acides, qui forment avec les protéines de la cornée des complexes limitant leur pénétration.
Conduite à tenir
Rincer l’œil immédiatement pendant une dizaine de minutes sous un filet d’eau tiède (sous la douche ou au lavabo) : écarter les paupières avec une main et mettre l’eau directement au contact de l’œil, en évitant de faire couler l’eau dans l’œil non atteint. En cas de projection de produits corrosifs, le lavage oculaire doit être suivi d’une consultation ophtalmologique en urgence : protéger l’œil par un pansement oculaire non compressif et noter, si possible, la composition du produit incriminé. En cas d’exposition à un produit de pH basique, une consultation est indiquée, les lésions s’installant de façon plus insidieuse et étant plus sévères, un traitement anti-inflammatoire est souvent nécessaire. Le pharmacien doit donc chercher à savoir à quel produit le patient a été exposé. Dans les autres cas, le lavage oculaire peut suffire, une consultation ophtalmologique étant néanmoins nécessaire en cas de persistance d’une gêne, d’une douleur ou d’un flou visuel 1 heure ou plus après le lavage.
Avec l’aimable relecture du Dr Paul Bastelica, chirurgien ophtalmologue à l’hôpital national des quinze-vingts à Paris et à l’hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).