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Quelles sont les propositions du Medef pour faire des économies en santé ?
Dans un document publié le 9 juillet, le Medef propose d’économiser jusqu’à 6,5 milliards d’euros sur les dépenses de l’Assurance maladie. Son programme : jours de carence, forfaitisation des indemnités journalières et généralisation de l’usage de Mon Espace Santé. Analyse.
Une chose est claire : l’organisation patronale veut faire porter l’effort sur les arrêts de travail, les examens redondants et les outils numériques. En amont du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026, le Medef avance 93 mesures censées générer « jusqu’à 6,5 milliards d’euros d’économies » sur les dépenses de l’Assurance maladie.
Réduire le déficit, pas l’accès aux soins
Le président du Medef, Patrick Martin, justifie cette orientation par la nécessité de préparer le système de santé au vieillissement démographique : « Le meilleur moyen de pérenniser notre modèle, c’est de réunir les conditions pour que les déficits se résorbent, alors que la demande de santé va croître. » Mais derrière ce discours de responsabilité budgétaire, les mesures proposées affecteraient directement les règles d’indemnisation des assurés… et la charge de gestion des professionnels de santé.
Jours de carence : retour de l’effet dissuasif
Parmi les mesures phares, le Medef recommande d’instaurer un ou plusieurs jours de carence « d’ordre public », c’est-à-dire non indemnisés, ni par l’Assurance maladie ni par l’employeur.
Une variante est également proposée : au troisième arrêt de travail dans l’année, le délai de carence pourrait ne plus être couvert, quelle qu’en soit la cause.
Une règle déjà appliquée dans certaines branches professionnelles, comme le secteur bancaire.
Vers une indemnisation journalière forfaitaire ?
Autre piste sensible : la forfaitisation des indemnités journalières (IJ), c’est-à-dire un montant fixe, identique pour tous, indépendamment du salaire de l’assuré.
Une mesure qui pourrait simplifier la gestion, selon le Medef, mais qui suscite des inquiétudes :« Évidemment il ne faudrait pas que l’État impose un forfait trop bas, comme 0,5 Smic », concède Patrick Martin, reconnaissant que les jeunes salariés ou les précaires seraient alors fortement pénalisés en cas d’absence.
Dossier médical numérique : levier d’économie ou de pression ?
Sur le terrain des soins, le Medef mise sur l’amélioration de la “pertinence” médicale. En ligne de mire : les examens redondants.
Pour les éviter, il propose de rendre obligatoire la consultation de Mon Espace Santé par les prescripteurs, au moins pour certaines classes de médicaments ou certains actes.
Cette proposition rejoint les orientations de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) sur la qualité des prescriptions, mais pose la question du temps médical consacré au numérique, et du rôle que pourraient jouer les officines dans le repérage d’anomalies ou de doublons.
Une logique gestionnaire assumée
Avec ces propositions, le Medef assume une ligne économique centrée sur la réduction des flux sortants de l’Assurance maladie, notamment via les IJ. En revanche, rien n’est dit sur la structuration de l’offre de soins, la prévention ou les marges des industriels.
Pour les officinaux, les effets indirects pourraient néanmoins être sensibles :
– retards de soins en cas de jour de carence non couvert ;
– patients inquiets ou contestataires sur les arrêts maladie ;
– charge d’information sur les nouveaux dispositifs (forfaits, numériques) ;
– moindre fréquentation en pharmacie en cas de frein à la consultation initiale.
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