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Remises génériques : les pharmaciens entrent en grève de l’e-prescription
En réaction à la baisse du plafond des remises commerciales sur les génériques, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) lance une grève inédite ciblant les outils numériques de l’Assurance maladie. Objectif : défendre l’économie des officines et alerter l’opinion.
Le seuil de tolérance est franchi. En dépit des alertes répétées de la profession, le gouvernement maintient son projet de réduction du plafond des remises commerciales sur les génériques, actuellement fixé à 40 %. Cette réforme, dont l’entrée en vigueur était initialement prévue au 1er juillet, vise à abaisser ce taux à 20 %, voire 10 % dans certains scénarios envisagés par Bercy. Pour les officines, l’impact économique serait brutal : jusqu’à 600 millions d’euros retirés à l’ensemble du réseau, selon les estimations de la FSPF.
« Cette mesure est une attaque directe contre la viabilité de notre modèle économique, elle menace l’équilibre de nombreuses officines, en particulier dans les zones fragiles », dénonce Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Le syndicat majoritaire appelle donc à une grève nationale ciblée depuis hier, mercredi 9 juillet.
Une action de grève inédite et ciblée
Concrètement, la FSPF appelle les pharmaciens à cesser la télétransmission des e-prescriptions via les outils numériques de l’Assurance maladie, jusqu’à nouvel ordre. Cette mobilisation inédite a été pensée pour ne pas pénaliser les patients, tout en adressant un message clair aux pouvoirs publics.
La consigne est la suivante :
– lire les e-prescriptions, y compris celles à prescription particulière (médicaments d’exception, ordonnances sécurisées, etc.) ;
– continuer à délivrer les traitements aux patients, en l’absence de validation électronique ;
– facturer les médicaments dans les conditions habituelles ;
– ne pas valider électroniquement l’ordonnance, afin de bloquer la remontée des données vers les systèmes de l’Assurance maladie ;
– informer les patients avec pédagogie, en expliquant les raisons de la grève et ses enjeux pour l’avenir de leur pharmacie.
Une ligne rouge économique et sociale
La baisse des remises commerciales sur les génériques remet en cause un pilier de la rentabilité officinale, particulièrement indispensable dans les petites structures. Les marges dégagées sur les génériques permettent aujourd’hui de compenser la faiblesse des rémunérations sur les médicaments remboursables à prix bas, et de financer des postes de préparateurs, voire d’adjoints.
À court terme, la FSPF craint des licenciements massifs, une fragilisation du réseau dans les zones rurales, et une accentuation des tensions sur les approvisionnements. « À force d’asphyxier l’économie officinale, on crée les conditions d’un désert pharmaceutique », prévient Philippe Besset.
Un signal politique
Cette mobilisation numérique est aussi un signal adressé à la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) et au ministère de la Santé : sans les pharmaciens, pas de système fluide, pas de télémédecine, pas de e-santé. Avec cette action, les professionnels entendent démontrer leur rôle central et leur capacité de blocage.
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