Remises sur les génériques : Federgy accuse les industriels d’entrave à la substitution

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Remises sur les génériques : Federgy accuse les industriels d’entrave à la substitution

Publié le 30 juin 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Dans une lettre ouverte adressée à la Direction de la sécurité sociale (DSS), à la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam), à la Direction générale des entreprises (DGE) et au ministère de la Santé, la fédération de groupements Federgy dénonce une offensive orchestrée contre leur rôle dans la politique de substitution.

Les mots sont choisis, le ton sans appel. Dans une lettre ouverte datée du 27 juin 2025, Alain Grollaud, président de Federgy (Fédération des groupements de répartiteurs et enseignes de la pharmacie), interpelle directement les autorités sanitaires. Et dénonce les projets gouvernementaux visant à encadrer voire supprimer les remises commerciales sur les médicaments génériques et biosimilaires. Pour Federgy, ces mesures « ne sont pas le fruit du hasard » mais le résultat d’un lobbying actif mené par certains industriels.

Le sujet n’est pas nouveau. En novembre 2024, le député Cyrille Isaac-Sibille appelait à « supprimer les groupements de pharmacies », ouvrant une séquence d’hostilité dont les effets réapparaissent dans les discussions actuelles sur la régulation des remises. « Les attaques reviennent régulièrement dans les réunions ministérielles », affirme la fédération, qui y voit une tentative de déstabilisation du modèle économique des groupements.

90 % des pharmaciens s’appuient sur leur groupement

Federgy rappelle que les groupements sont un levier central de la substitution en officine, à travers l’optimisation des référencements et l’accompagnement des patients. Selon la fédération, plus de 90 % des pharmaciens leur font confiance pour soutenir cette pratique au quotidien.

« Les patients font confiance à leurs pharmaciens pour accepter la substitution, les pharmaciens font confiance à leurs groupements pour la mettre en œuvre, pendant que certains industriels freinent délibérément son déploiement », résume la lettre.

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L’impact économique de ces blocages serait loin d’être négligeable. Federgy cite quatre molécules actuellement en attente de projets de substitution – ustekinumab, tocilizumab, aflibercept et tafamidis – qui, si elles étaient substituables, permettraient une économie immédiate estimée entre 300 et 400 millions d’euros.

« Cherchons l’erreur ? », interroge la fédération, en accusant certains laboratoires de manœuvres dilatoires pour préserver leurs marges, au détriment des économies attendues pour l’Assurance maladie.

Médicaments chers, marges opaques et pénuries persistantes

Au-delà des remises, Federgy s’alarme également de la dérive inflationniste des prix des médicaments innovants.

« Comment expliquer la fixation des prix toujours plus élevés, dans un contexte de tension budgétaire et de pénuries croissantes ? », questionne la lettre, qui juge la situation « inacceptable » au regard des principes d’équité et de soutenabilité du système de santé.

Face aux pénuries que les patients ne comprennent plus, aux marges industrielles jugées opaques, et aux menaces sur l’économie officinale, Federgy appelle les pouvoirs publics à « ne pas casser ce qui fonctionne », en référence au modèle des groupements. Présents auprès de plus de 18 000 officines, ces derniers affirment être « un acteur majeur de la pérennité du réseau sur tous les territoires ».

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