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© Getty Images/iStockphoto
Ordonnances fictives, grève illimitée, retrait des CPTS : les pharmaciens déclarent la guerre au gouvernement
La fronde syndicale s’amplifie. Grève des gardes, menaces de blocage, arrêt de la substitution des biosimilaires, facturations fictives : l’USPO et la FSPF multiplient les actions pour obtenir le retrait du projet de plafonnement des remises à 20-25 %. Un bras de fer s’ouvre avec le gouvernement.
Le 25 juin, les élus de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) réunis en conseil d’administration exceptionnel ont acté une stratégie offensive. Objectif : faire plier le ministère de la Santé sur son projet de réforme du plafond des remises commerciales sur les génériques, aujourd’hui fixé à 40 %. Dans le viseur des syndicats : la perspective d’une baisse à 20 ou 25 %, considérée comme économiquement intenable.
La grève illimitée des gardes, qui démarre le 1er juillet, ne sera que le premier acte. Pour la FSPF, trois autres mesures sont à l’étude :
– fin du tiers payant sur les dépenses pharmaceutiques ;
– démissions coordonnées des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ;
– suspension de la substitution des médicaments biosimilaires.
« Ces mesures sont à la hauteur de la trahison que nous vivons », fustige Philippe Besset, président de la FSPF. À ce stade, le report de l’arrêté du 14 mai qui maintient actuellement le plafond à 40 % semble probable jusqu’au 1er août. « Sans doute pas davantage », prévient Philippe Besset.
En mode guérilla
L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), quant à elle, annonce une mobilisation de terrain et une radicalisation progressive. Une campagne d’affichage à destination des patients a été lancée : « Pharmacies menacées, votre santé en danger ! ». Le syndicat estime que la réforme pourrait provoquer la fermeture de 8 000 officines et la suppression de 50 000 emplois.
Pierre-Olivier Variot confirme la mise en œuvre d’actions plus directes : des facturations avec NIR fictifs sont en préparation pour emboliser les systèmes de l’Assurance maladie. « Je viens d’avoir confirmation, ça va partir. Il faudra juste créer un médecin fictif dans le système, avec une adresse valide pour que les ordonnances soient recevables », explique-t-il.
Autres pistes évoquées : la suppression des recrutements d’apprentis à la rentrée, des blocage de dépôts de médicaments.
Une union syndicale sous tension, mais déterminée
Sur le fond, les deux syndicats restent alignés. La réforme est vécue comme un point de rupture. « Si le plafond tombe à 20 %, il y aura une adhésion massive à ces actions », anticipe Philippe Besset. Les remises sur les génériques, encadrées depuis 2012, constituent un levier économique vital pour les officines, en l’absence d’évolution des marges réglementées.
La baisse du plafond sans compensation équivaudrait, selon les syndicats, à une baisse de revenus de plusieurs milliers d’euros par mois pour certaines structures. À ce stade, toute forme de compromis semble exclue : « Je ne vois pas pourquoi ça baisserait. C’est un plafond, pas une obligation », souligne Pierre-Olivier Variot.
Et après le 1 juillet ?
Aucune nouvelle concertation n’est à ce stade prévue. Le ministère ne communique pas et les syndicats dénoncent une absence totale de justification de la part de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam).
La manifestation du 1er juillet, prévue à Paris, ne sera pas suivie de mobilisations locales. Mais les syndicats prévoient déjà de prolonger la pression à la rentrée, si nécessaire. La mobilisation pourrait alors prendre une ampleur inédite dans l’histoire de la pharmacie d’officine.
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