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Pour l’UFC-Que Choisir, la régulation de l’installation des médecins est devenue inévitable
Derrière les chiffres globaux relativement stables sur les effectifs de médecins en exercice, l’étude publiée par l’UFC-Que Choisir le 24 juin 2025 dévoile une dégradation massive de leur répartition géographique. Entre 2014 et 2023, 73 départements sur 101 ont vu leur densité médicale chuter. Parmi les 50 départements les moins bien dotés en 2014, 44 ont encore perdu du terrain. À l’inverse, près de la moitié des 50 mieux pourvus se sont encore renforcés.
La moyenne dans les 10 départements les plus carencés passe ainsi de 18,6 à 16 médecins pour 10 000 habitants, tandis que les 10 mieux lotis progressent légèrement de 44,04 à 44,16. À Mayotte, ce chiffre descend même à 8 médecins, contre 76,8 à Paris.
Toutes les spécialités touchées
L’étude, fondée sur les données ordinales tous modes d’exercice confondus, montre que la désertification ne concerne pas uniquement les généralistes. Ophtalmologues, gynécologues et pédiatres suivent des trajectoires similaires. Dans la Creuse ou à Mayotte, certains bassins sont aujourd’hui totalement dépourvus de pédiatres, rendant l’accès aux soins quasiment impossible pour certaines populations.
L’échec d’un modèle incitatif
L’UFC-Que Choisir dénonce l’inefficacité chronique des politiques incitatives, malgré les aides cumulées, les dispositifs fiscaux et les contrats d’engagement de service public. Selon l’association, ces mesures « coûteuses et inefficaces » n’ont pas freiné la dynamique de concentration de l’offre dans les zones déjà favorisées.
Elle salue à ce titre le vote à l’Assemblée nationale, en mars dernier, de la proposition de loi transpartisane portée par le député Guillaume Garot, instaurant une régulation à l’installation. Adoptée à l’Assemblée nationale au printemps 2025, cette proposition de loi n’a toujours pas été inscrite à l’agenda du Sénat. Pour l’UFC-Que Choisir, ce retard menace de faire capoter une réforme pourtant jugée cruciale pour rééquilibrer l’offre de soins sur le territoire.
Réguler, mais aussi réinvestir
« La régulation est indispensable, mais elle ne suffira pas », insiste l’UFC-Que Choisir. L’association appelle l’État à réinvestir massivement dans la formation médicale, les infrastructures de soins et la réduction des inégalités d’accès tarifaire. Car un autre facteur aggrave la fracture : la concentration des dépassements d’honoraires dans les départements les plus pourvus, qui attire mécaniquement les jeunes praticiens. « Les nouveaux médecins s’installent là où la densité est forte et les revenus plus élevés », pointe l’étude. Résultat : les zones en tension deviennent doublement pénalisées, en personnel comme en solvabilité. L’UFC-Que Choisir appelle à « cesser les demi-mesures ». La balle est désormais dans le camp du Sénat, et plus largement, du gouvernement. « L’inaction n’est plus une option. Sans régulation, les fractures vont devenir irréversibles », conclut l’association.
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