Études de médecine : la fin annoncée du numerus apertus, mais après ?

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Études de médecine : la fin annoncée du numerus apertus, mais après ?

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Publié le 27 mai 2025
Par Sana Guessous
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Ce dispositif jugé trop rigide va être supprimé. Reste à savoir si les facultés sont prêtes à accueillir davantage d’étudiants.

Mis en place pour augmenter les effectifs d’étudiants en médecine, le numerus apertus est encore « beaucoup trop restrictif », estime le ministre de la Santé Yannick Neuder, qui souhaite le voir supprimé. Problème : les capacités d’accueil des facultés de médecine sont limitées.

Remplaçant du numerus clausus depuis 2019, le numerus apertus – littéralement « nombre ouvert » – visait à desserrer l’étau sur les admissions en première année de médecine. Entre 2021 et 2025, il a permis la création de 13 000 places supplémentaires. Un chiffre encore très en deçà des besoins, selon le ministre de la Santé, qui juge le système trop rigide et trop dépendant des « capacités d’accueil très limitées des universités ».

C’est précisément ce point qu’aborde la proposition de loi visant à améliorer l’accès aux soins par la formation, portée par Yannick Neuder lorsqu’il était député. Le texte, adopté par l’Assemblée nationale en 2023, sera examiné au Sénat le 17 juin. Il cible notamment les départs massifs d’étudiants vers des pays où les études de médecine sont plus accessibles. Une « hémorragie » vers la Belgique, le Portugal ou encore la Roumanie que le gouvernement entend stopper.

Un basculement vers une logique territoriale

La réforme envisagée souhaite rompre avec la logique d’amont centrée sur les seules universités. Le critère des besoins de santé sur chaque territoire deviendrait prioritaire par rapport aux capacités d’accueil des facultés. Les étudiants partis à l’étranger pourraient être réintégrés dans le cursus français, avec la création de nouvelles passerelles spécifiques.

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Le texte ouvre également la voie à une diversification des profils. Des professionnels paramédicaux pourraient se voir proposer des voies de formation accélérées pour devenir médecins. Autre enjeu : la situation des praticiens diplômés hors de l’Union européenne. Il s’agirait, selon Yannick Neuder, de les « sortir d’un statut de précarité », tout en évitant de mettre en place un dispositif « attractif, de nature à appauvrir d’autres pays ».

Le ministre assure que cette réforme permettrait à terme de former « 3 700 docteurs juniors de plus chaque année », dès novembre 2026.

Des universités déjà sous tension

Reste une inconnue de taille : les facultés sont-elles prêtes ? À ce stade, la réponse semble négative. Les doyens alertent depuis plusieurs années sur le manque d’enseignants et de maîtres de stage compromettant, selon eux, toute montée en charge rapide du nombre d’étudiants formés.

Aujourd’hui, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) constate déjà une saturation des terrains de stage hospitaliers depuis la mise en place du numerus apertus… Un problème auquel la proposition de loi répond de façon évasive : « Si les capacités d’accueil des universités apparaissent insuffisantes, les conseils territoriaux de santé et les agences régionales de santé pourront appeler ces dernières à mettre en œuvre des mesures permettant d’accroître ces capacités. »

D’après un rapport de l’Académie nationale de médecine publié en 2023, 5 000 places supplémentaires doivent être créées chaque année dans les universités pour résoudre la pénurie de médecins dont souffre le pays.