Économie officinale : les syndicats avancent leurs pions

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Économie officinale : les syndicats avancent leurs pions

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Publié le 24 avril 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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L’augmentation des charges externes et de personnel, la montée en puissance des médicaments chers et l’érosion des prix des médicaments remboursables impactent les comptes des officines. Philippe Besset (FSPF) et Pierre-Olivier Variot (USPO) envisagent plusieurs pistes pour les mois et années à venir.

Comment assurer la rentabilité économique des officines ? La question est désormais sur toutes les lèvres et pousse à s’interroger sur l’avenir de la pharmacie. Alors que le chiffre d’affaires ne cesse d’augmenter, parallèlement la marge s’effrite. La raison ? La montée en puissance des médicaments chers qui cache une dégradation de la rémunération officinale liée à l’inflation et à l’explosion des charges professionnelles et salariales. La marge dégressive lissée (MDL), censée suivre l’évolution des coûts structurels du réseau, n’a pas non plus répondu aux prévisions. Selon les chiffres du GERS, l’évolution constatée pour 2024 est de + 4 %, contre + 4,8 % anticipés dans le cadre conventionnel. « On nous avait dit que la trajectoire de la MDL permettrait de suivre les coûts. Mais les données du GERS confirment que cette progression est insuffisante », note Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.

Agir sur les charges

La révision de l’avenant à la convention nationale des pharmaciens attendue en 2026, puis la nouvelle Convention qui sera signée en 2027, laissent espérer des jours meilleurs. Mais en attendant une éventuelle refonte du système de santé, que faire pour maintenir les officines à flot ? Là où il était possible d’attendre les résultats des bilans annuels, la mise en place d’un tableau de bord mensuel de suivi de marge est devenue primordiale. « Il faut agir sur les charges et faire attention aux comptes d’exploitation. Nous avons négocié une augmentation des honoraires dans le cadre de l’avenant, qui se poursuivra en 2026, mais il ne faut pas dépenser plus que ce gain de marge », souligne Philippe Besset, président de la FSPF. Il est toutefois possible d’activer de nouveaux leviers via les nouvelles missions et la substitution des biosimilaires. « Ces derniers devraient rapporter près de 300 millions d’euros au réseau officinal et à la Cnam. Mais tout dépendra de notre capacité à substituer », continue le responsable.

Volumes de vente

Cette bouffée d’oxygène très attendue par les pharmaciens pourrait freiner les fermetures inexorables d’officines enregistrées ces dernières années. L’an passé, 290 pharmacies ont fermé, une hausse de 17 % par rapport à 2023 et de 35 % par rapport à 2022. Les petites officines sont majoritairement concernées, 44 % des fermetures touchant des pharmacies dont le CA était inférieur à 500 000 euros. « Les bilans comptables des plus petites officines sont inquiétants. Il faut que toutes les pharmacies puissent vivre de leur travail et non de perfusions économiques et de subventions. Il y a un appauvrissement du réseau sur toutes les zones. Il est plus que temps de modifier le mode de rémunération des pharmaciens et de le décorréler des volumes de vente », poursuit Pierre-Olivier Variot. Un nouveau mode de rémunération qui se justifie selon lui à plusieurs titres : « Les pharmaciens ont toujours été dans le bon usage, mais économiquement on a tout intérêt à déprescrire lorsque l’on n’est plus lié aux volumes. Actuellement la déprescription pèse lourd sur notre économie, alors que les médicaments impactent de plus en plus l’environnement. L’industrie pharmaceutique est une industrie qui pollue, il faut modifier nos façons de faire. Nous le devons à la planète. »

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