Installation régulée : les jeunes blouses blanches sonnent l’alarme

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Installation régulée : les jeunes blouses blanches sonnent l’alarme

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Publié le 10 avril 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Mobilisation intersyndicale les 28 et 29 avril. Étudiants, internes et jeunes praticiens dénoncent une atteinte au libre exercice et à l’attractivité de la médecine libérale.

La fronde gronde chez les futurs médecins. Dans un communiqué commun diffusé le 9 avril, quatre organisations représentatives – l’Anemf, l’Isnar-IMG, l’Isni et le syndicat Reagjir – appellent à une mobilisation nationale les 28 et 29 avril. En ligne de mire : le vote par les députés, début avril, d’une régulation de l’installation des médecins libéraux. Une ligne rouge, selon les signataires, qui y voient une fausse réponse au vrai problème des déserts médicaux.

« La coercition n’est pas une solution »

L’appel à la grève intersyndicale débutera le 28 avril, suivi d’une manifestation nationale à Paris le lendemain. Étudiants, internes et jeunes médecins entendent défendre « les patients, la profession et le système de santé ». « La coercition n’est pas une solution », préviennent-ils, rappelant son inefficacité historique et ses effets contre-productifs.

En filigrane, une critique frontale de l’approche gouvernementale. Selon les syndicats, la mesure votée, en limitant la liberté d’installation, risquerait au contraire d’aggraver les déséquilibres territoriaux. « Plus de 4 580 communes ne pourraient plus accueillir de médecins supplémentaires si la régulation proposée était mise en place », soulignent-ils. Un paradoxe, alors même que ces territoires souffrent déjà d’une pénurie aiguë de praticiens.

Une profession en quête d’attractivité

Au-delà du refus d’un modèle autoritaire, c’est l’avenir même de la médecine libérale qui inquiète les jeunes professionnels. « Cette mesure constitue un danger pour l’attractivité de la médecine ambulatoire », alertent-ils. Déjà confrontée à des difficultés de recrutement, la médecine de ville pourrait voir s’amplifier la désaffection, en particulier dans les zones les plus fragiles du maillage territorial.

Ce mouvement, pour l’instant porté par la jeunesse médicale, n’a pas encore reçu le soutien formel des syndicats de médecins libéraux. Ces derniers se sont pourtant exprimés à de multiples reprises contre toute forme de régulation de l’installation ou de l’exercice, comme en témoignent leurs positions publiques fin mars et début avril. Une convergence des fronts pourrait amplifier la contestation dans les semaines à venir.

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Un clivage politique et générationnel

Au cœur de cette mobilisation se joue un clivage plus profond. D’un côté, une volonté politique de rééquilibrer l’offre de soins par des leviers contraignants. De l’autre, une génération montante qui revendique sa liberté de choix et alerte sur les conséquences systémiques d’une régulation verticale.

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