Aux petits soins avec les personnes âgées

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Publié le 6 juillet 2019 | modifié le 13 septembre 2025
Par Matthieu Vandendriessche
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Une quarantaine d’officinaux réalisent depuis 1 an des visites au domicile de personnes âgées dans le département des Deux-Sèvres. Objectif : les aider à sécuriser leur prise de médicaments et déclencher, si besoin, une prise en charge interprofessionnelle. Dans le cadre de cette mission protocolisée, les pharmaciens d’officine renforcent les échanges avec leurs confrères hospitaliers.

Depuis le printemps 2018, près d’une quarantaine de pharmaciens du sud des Deux-Sèvres se sont lancés, à titre expérimental, dans des visites au domicile des personnes âgées de plus de 75 ans. Chez elles, en « vie réelle », la gestion du médicament se révèle dans ses difficultés, dans un contexte de perte d’autonomie. « On retrouve des médicaments disséminés dans différentes pièces et des périmés de longue date », constate Patrick Le Padellec, titulaire à Niort.

Le pharmacien a dejà une dizaine de visites à son actif au domicile de patients âgés de 85 ans en moyenne. « On y passe une heure environ. Il faut bien 15 à 20 minutes pour établir le contact et prendre connaissance du quotidien des gens. » En plus de remettre à plat le plan de prise, les officinaux détectent les situations à risques de fragilité : isolement, mauvaise alimentation, obstacles aux déplacements dans l’habitation. En pharmacie, des affiches sont apposées afin que les personnes âgées ou leurs aidants sollicitent l’intervention. « Et au comptoir, quand on nous rapporte un besoin, on se met en contact avec la personne. »

L’initiative est née en 2013. Installé à Melle, Jean-Luc Bussault repère avec quelques confrères les difficultés de personnes âgées dans la gestion de leurs traitements. Rapidement, ils mettent en place une visite au domicile avec l’appui de l’URPS Pharmaciens de la région Poitou-Charentes, aujourd’hui Nouvelle-Aquitaine.

Lorsqu’en 2016 le programme national Paerpa (Personnes âgées en risque de perte d’autonomie) se déploie dans le département, l’opération prend de l’ampleur et reçoit le financement de l’agence régionale de santé. L’opération ne coûte rien au bénéficiaire, le pharmacien reçoit 60 € par visite. Ce dispositif peut, bien entendu, s’articuler avec les bilans partagés de médication (BPM) et la confection d’un pilulier.

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Actions interprofessionnelles

Le « diagnostic de fragilité » établi par le pharmacien est adressé à l’Association gérontologique du sud Deux-Sèvres avec l’accord du bénéficiaire. Cette coordination territoriale d’appui mobilise son infirmière qui peut préconiser des améliorations au domicile avec l’appui d’un ergothérapeute. Cela n’exclut pas que la personne âgée soit déjà accompagnée, par exemple par un service de soins infirmiers à domicile (SSIAD). Si besoin, elle est également adressée en consultation dentaire ou de podologie. Le médecin traitant est évidemment dans la boucle.

De même, les informations recueillies sont saisies sur un support informatique sécurisé et partagé avec les pharmaciens hospitaliers. Lors de l’admission des patients âgés à l’hôpital et de la conciliation médicamenteuse, les données facilitent le travail des soignants. L’échange est à double sens : l’officinal est informé des nouveaux traitements instaurés à la sortie d’hospitalisation. « L’intérêt est aussi qu’il n’y ait pas de dissonance entre ce qui est dit au patient à l’hôpital et au comptoir », précise Patrick Le Padellec.

Depuis la mi-juin, tous les pharmaciens du département peuvent intervenir. Près de la moitié des 124 officines des Deux-Sèvres ont ainsi participé à une soirée d’information. Passée cette phase expérimentale qui s’achève à la fin de l’année, l’opération devrait être reconduite en 2020. ■