Listes de « professionnels de santé communautaires » : et en pharmacie ?

La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) dénonçait le 2 août la constitution et la diffusion de « listes de médecins noirs » sur le compte Twitter de « Globule noir », se présentant comme un groupe de soignants noirs et disparu depuis. Sur le réseau social, ce groupe a publié la liste de gynécologues noires en Ile-de-France et lançait un appel pour trouver une infirmière à domicile « racisée » dans le 13^e arrondissement de Paris.

L’initiative de ce groupe a mis en colère les Ordres nationaux des médecins et des infirmiers. Le 11 août, dans un communiqué commun, ils condamnent la diffusion sur internet de tels annuaires communautaires et annoncent leur volonté de saisir le ministre de la Santé, Olivier Véran, et la Commission nationale informatique et libertés (CNIL).

Accusation de racisme

Les ordres rappellent que « les professionnels de santé ont prêté serment de soigner avec le même dévouement et la même abnégation quelles que soient les origines, la couleur de peau, la situation sociale ou les orientations religieuses, philosophiques ou sexuelles de leurs patients ».

Pour les représentants des médecins et infirmiers, la constitution de telles listes vaut accusation de racisme à l’encontre des professionnels et jette le discrédit sur les deux professions. « La santé ne peut être soumise aux sirènes du communautarisme et de la division », estiment les ordres.

« A ce jour, nous n’avons pas connaissance de ce type d’annuaires pour les pharmacies d’officine. Si il en existait, ce serait en contradiction complète avec notre code de déontologie », indique Pierre Béguerie, président du Conseil central A de l’Ordre national des pharmaciens.

Communautarisme ou prise en charge adaptée ?

Certaines officines se doivent cependant de répondre aux besoins de leur zone de chalandise en déployant une offre adaptée (cosmétiques pour peaux noires, par exemple) ou en proposant un accueil aux patients non francophones.

Il existe par ailleurs des associations en lien avec une appartenance communautaire (Association française des pharmaciens catholiques, association des pharmaciens juifs de France, association des pharmaciens africains de France, amicale des étudiants en pharmacie et des pharmaciens khmers…). Elles se destinent à regrouper des professionnels et non à faire valoir une quelconque appartenance auprès de patients et clients.