Médicaments hospitaliers : disponibles pour les patients dans plus de 300 officines en Région Sud

Depuis fin mars, la pharmacie de l’hôpital de la Conception (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille) dans les Bouches-du-Rhône assure la mise à disposition de ses médicaments dans les officines à la demande des patients.

Baptisé Retr’Officine, ce service gratuit évite aux patients chroniques de se déplacer jusqu’à l’hôpital en leur permettant de retirer leurs médicaments dans l’officine de leur choix. « Le dispositif couvre les Bouches-du-Rhône mais aussi le Vaucluse, les Alpes-Maritimes et le Var. Au total, une centaine de villes sont desservies dans sept départements », précise Julie Napieralski, externe en pharmacie chargée de cette logistique.

Albert Darque et Philippe Monges, les deux pharmaciens hospitaliers instigateurs du projet, y travaillaient depuis cinq ans en lien avec les grossistes-répartiteurs, les syndicats de pharmaciens officinaux, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et l’Inspection des affaires sociales (Igas). Une expérimentation menée dans le cadre de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale 2018 était sur les rails. Mais c’est le confinement du printemps qui a propulsé le dispositif. L’arrêté du 23 mars 2020 (article 4) autorise exceptionnellement une démarche similaire. Cette mesure a été reconduite en juillet puis par l’arrêté du 16 octobre relatif à l’état d’urgence sanitaire.

Les officines livrées deux fois par semaine

En pratique, les patients sont informés par l’hôpital de cette possibilité et ceux qui souhaitent en bénéficier doivent s’adresser à leur officine. Celle-ci est chargée de remplir un formulaire et de transmettre l’ordonnance à la pharmacie de l’hôpital. Cette dernière procède à la facturation du médicament et le prépare dans un emballage sécurisé. « Un coursier livre les médicaments aux grossistes-répartiteurs deux fois par semaine, le mardi matin et le vendredi matin. Les médicaments sont intégrés à leur tournée de l’après-midi », explique l’externe. La Cerp, OCP, Walgreens Boots Alliance et Phoenix participent au dispositif. Les trois premiers disposent d’une plateforme à Aubagne, près de Marseille.

Les médicaments concernés figurent sur une liste remise à jour. Ceux qui sont disponibles en double circuit ville-hôpital, les stupéfiants et les produits faisant appel à la chaîne du froid sont exclus de cette livraison.

Une extension nationale envisagée

A ce jour, plus de 300 officines sont intégrées au dispositif. Depuis huit mois, 1400 demandes ont ainsi pu être honorées au bénéfice de 430 patients. Une soixantaine de colis sont expédiés chaque semaine.

Le travail ne s’arrête pas là pour les hospitaliers. Ils prennent contact tous les trois mois avec les patients pour faire le point sur leur traitement : rappel de prise, observance, effets indésirables et conseils. « Il ne s’agit pas de rajouter du travail aux officinaux avec les médicaments hospitaliers. Ce n’est pas un transfert de tâches vers la pharmacie de ville mais une démarche interprofessionnelle et complémentaire. Des officinaux se tournent régulièrement vers nous pour être informés sur ces médicaments. Un certain nombre d’entre eux sont d’ailleurs voués à quitter la réserve hospitalière », estiment les deux pharmaciens. Ils travaillent désormais à l’extension du dispositif au niveau national. Une enquête de satisfaction est en cours auprès des officinaux et des patients. L’expérimentation de type article 51 qui doit prochainement se mettre en place va inclure plusieurs centres hospitaliers. Une rémunération « symbolique » des officinaux y sera envisagée.