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Collaboration ville-hôpital : ce projet qui mobilise toutes les officines d’un département

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Collaboration ville-hôpital : ce projet qui mobilise toutes les officines d’un département

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Publié le 4 octobre 2022
Par Matthieu Vandendriessche
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« On comprend mieux les ordonnances de sortie hospitalière et on peut mieux les faire comprendre aux patients. » Voilà le témoignage d’officinaux participant au projet Partage GHT 49. Ce dispositif implique pharmaciens hospitaliers et officinaux depuis juin 2021 dans le département du Maine-et-Loire.

A l’entrée dans le service hospitalier, le patient bénéficie d’une conciliation médicamenteuse. Cette pratique de pharmacie clinique s’appuie en partie sur la sollicitation de l’officine fréquentée par le patient. L’objectif est de recenser tous les médicaments qu’il reçoit à partir des ordonnances envoyées par l’officine. La conciliation de sortie comprend pour sa part les rectifications de traitement effectuées lors du séjour hospitalier et leurs justifications (arrêté, poursuivi, modifié, nouveau médicament introduit). « Ces informations sont transmises au pharmacien d’officine qui peut mettre en place un bilan partagé de médication et faire le suivi du patient lors d’entretiens annuels », indique Jean-Louis Laffilhe, pharmacien coordonnateur du projet.

Au total, 88 % des officines (207 sur 234) du département ont participé à la démarche. « Il n’y a pas de refus de la part des pharmacies, celles qui n’ont pas participé n’ont pas été concernées par l’inclusion de patients. » Entre le 1er mars 2021 (date du lancement de la phase expérimentale) et le 10 septembre 2022, 3688 patients ont été intégrés au dispositif. Les inclusions se font au rythme de 350 à 400 patients par mois. Les officines ont inclus 18 patients en moyenne, le plus fréquent étant une intégration de 1 à 20 patients. Six hôpitaux du Maine-et-Loire participent au dispositif, principalement le CHU d’Angers. Les échanges s’effectuent par le biais de la plateforme numérique sécurisée Hospiville, qui permet une connexion avec la carte CPS.

Au plan des résultats, 1853 conciliations d’entrée ont été réalisées. La moitié des situations (53,1 %) ont donné lieu à au moins une divergence non intentionnelle (DNI). Il s’agit d’une modification, un ajout ou une omission involontaire sur la prescription hospitalière. En moyenne, 2,1 DNI par patient sont recensées. La moitié de ces DNI sont des oublis de médicaments que le recensement permet de corriger. Dans le quart des cas ce sont des erreurs de posologie. La moitié des DNI sont considérées comme significatives et 14 % sont majeures ou critiques.

En sortie d’hospitalisation, 1698 conciliations ont été effectuées. Au moins une DNI est constatée pour environ le tiers des patients (37,2 %). On compte en moyenne 1,5 DNI par patient. En sortie, il s’agit presque autant d’oublis de médicaments (39 %) que d’erreurs de posologie (33 %). 40 % des DNI sont significatives et 12 % sont majeures ou critiques.

Les pharmaciens d’officine se déclarent satisfaits par ce dispositif. Le quart d’entre eux précise avoir réalisé dans ce cadre au moins un bilan partagé de médication, préalable très utile à la conciliation médicamenteuse et accompagnement du patient efficace en post-hospitalisation. Les officinaux constatent en majorité une amélioration des liens avec les hospitaliers (94 %), ainsi qu’avec le médecin traitant (57 %) et l’infirmière (33 %). La transmission de l’information à cette dernière doit encore être améliorée. Le dispositif est facilité lorsqu’il est mis en application au sein d’une structure d’exercice coordonné (communauté professionnelle territoriale de santé ou maison de santé pluriprofessionnelle).

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Financé par un fonds d’intervention régional (FIR), le dispositif Partage GHT 49 est maintenu au moins jusqu’à fin 2023. Son déploiement prévoit son extension à davantage de patients âgés et aux départements limitrophes, qui en sont demandeurs. Des partenariats avec des initiatives complémentaires sont également envisagées.