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© SAUL LOEB / AFP
Paracétamol et autisme : le retour de l’ultracrépidarianisme de Trump
Donald Trump conseille aux femmes enceintes d’éviter le paracétamol, qu’il associe à un risque accru d’autisme chez l’enfant. Une déclaration sans fondement scientifique, qui inquiète les professionnels de santé et trouble le message délivré aux patientes enceintes.
L’administration Trump avait promis en début d’année de révéler en un temps record les causes de ce qu’elle qualifie d’« épidémie d’autisme ». Lundi 22 septembre, lors d’une conférence de presse consacrée au sujet, le président américain a pris pour cible le paracétamol. Il incite les femmes enceintes à ne pas en consommer, affirmant que ce médicament augmenterait le risque d’autisme chez l’enfant.
À l’image de ses prises de position pendant le Covid-19, cette déclaration a été qualifiée de dangereuse et de non justifiée par les experts. En officine, ces propos risquent d’alimenter une certaine confusion chez les patientes.
Quand la parole présidentielle sème le doute
Trump a annoncé que ses autorités de santé allaient informer dans les prochains jours les médecins américains du risque accru d’autisme lié au paracétamol pendant la grossesse. « Ne prenez pas de Tylénol » et « ne donnez pas de Tylénol à votre bébé », a-t-il déclaré. Il est allé jusqu’à citer Cuba et la communauté amish, affirmant qu’ils compteraient peu de cas d’autisme faute de paracétamol.
Propos infondés, rappellent les chercheurs, puisque le paracétamol reste le seul antalgique et antipyrétique recommandé chez la femme enceinte (à la dose efficace la plus faible et pour la durée la plus courte possible), là où aspirine et ibuprofène sont contre-indiqués, notamment en fin de gestation.
Le lien de causalité non établi
À ce jour, aucune preuve scientifique ne démontre de lien entre paracétamol et autisme. Si quelques études évoquent une corrélation, d’autres l’ont réfutée. Pour David Mandell, professeur de psychiatrie à l’université de Pennsylvanie, le principal biais est de distinguer l’effet du médicament des raisons de sa prescription : la fièvre elle-même peut accroître le risque de troubles du développement neurologique.
Les experts insistent sur la prudence dans l’interprétation des données. Si les diagnostics d’autisme ont progressé aux États-Unis, beaucoup de scientifiques contestent l’idée d’une épidémie. La génétique reste un facteur central, avec des éléments environnementaux qui peuvent aussi jouer un rôle.
La touche antivax
Donald Trump en a profité pour cibler les vaccins. Soutenu par son ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr., connu pour ses positions antivaccins, il a affirmé que les personnes qui ne se vaccinaient pas et ne prenaient pas de médicaments n’avaient pas d’autisme. Un discours jugé alarmant par la communauté scientifique, qui rappelle que les vaccins ne sont en aucun cas impliqués dans ce trouble neurodéveloppemental.
Dans le même temps, l’administration américaine a annoncé le déblocage de millions de dollars pour la recherche sur l’autisme, ainsi que l’autorisation de l’acide folinique contre certaines formes du trouble. Une piste jugée prometteuse, mais encore préliminaire. Plusieurs scientifiques, dans une lettre commune, mettent en garde contre le risque de « faux espoirs » : il n’existe pas de réponse simple à la complexité de l’autisme.
Avec AFP
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