Exposition prénatale aux antiépileptiques en France : des progrès, mais des risques persistants

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Exposition prénatale aux antiépileptiques en France : des progrès, mais des risques persistants

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Publié le 24 juillet 2025
Par Mathilde Combel
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Une étude Epi-Phare analyse l’exposition prénatale aux antiépileptiques en France entre 2013 et 2021. Forte baisse du valproate, mais hausse de l’usage de molécules à risque incertain. L’étude met en évidence des disparités sociales et appelle à renforcer les actions de prévention.

Une étude nationale menée par Epi-Phare, publiée dans la revue Neurology, analyse l’évolution de l’exposition prénatale aux médicaments antiépileptiques (MAEs) en France entre 2013 et 2021. Grâce aux données du Registre national mère-enfant EPI-MERES, cette étude met en lumière des tendances contrastées, soulignant des progrès notables, mais aussi des préoccupations pour les populations défavorisées.

Valproate en recul, d’autres risques présents

L’un des principaux enseignements de l’étude est la chute drastique de l’exposition à l’acide valproïque et au valpromide, deux antiépileptiques connus pour leur risque élevé de malformations et de troubles neurodéveloppementaux. Entre 2013 et 2021, les grossesses exposées à l’acide valproïque ont diminué de – 84 %, et celles au valpromide de – 89 %. Cette diminution s’accompagne d’une réduction du nombre de grossesses ayant fait l’objet de plusieurs délivrances de valproate et d’une baisse de l’exposition prolongée tout au long de la grossesse.

Malgré ces progrès, l’exposition aux autres antiépileptiques à risque reconnu (carbamazépine, topiramate) reste préoccupante, avec près de 600 nouveau-nés exposés chaque année sur la période 2019-2021.

Une exposition persistante aux MAEs à risque incertain

L’usage de médicaments à risque incertain comme la prégabaline, la gabapentine ou des molécules plus récentes (lacosamide, zonisamide) a, lui, fortement augmenté. La prégabaline connaît ainsi une hausse de + 171 % d’exposition prolongée pendant la grossesse.

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Hausse de l’usage des antiépileptiques à moindre risque

Parallèlement, les antiépileptiques jugés moins risqués, comme la lamotrigine et le lévétiracétam, ont vu leur usage augmenter de + 30 %. Ce glissement vers des alternatives plus sûres témoigne d’une meilleure prise en compte des profils de sécurité des traitements, tant par les professionnels de santé que par les patientes.

Des inégalités sociales marquées dans l’exposition

L’étude révèle également une surreprésentation des femmes enceintes à faibles revenus parmi les grossesses exposées aux MAEs à risque élevé ou incertain : 18,5 % contre 13 % pour les moins risqués. Ce constat souligne une inégalité d’accès à l’information et aux alternatives thérapeutiques sûres, posant un enjeu majeur de santé publique.

Renforcer la prévention et l’accompagnement

Si la diminution de l’usage du valproate montre l’efficacité des politiques de prévention, l’essor de nouveaux MAEs aux profils incertains exige une vigilance renforcée. L’étude appelle à de nouvelles mesures de minimisation des risques, avec un accompagnement ciblé des femmes les plus vulnérables, afin de garantir la sécurité des grossesses exposées à ces traitements.