- Accueil ›
- Thérapeutique ›
- Vigilances ›
- Champignons : la cueillette automnale sous surveillance
© Getty Images
Champignons : la cueillette automnale sous surveillance
Chaque automne, la cueillette de champignons entraîne des centaines d’intoxications, parfois graves, voire mortelles. Le dernier rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) rappelle l’importance de la prévention.
Dans son rapport d’étude de toxicovigilance publié en septembre 2025, l’Anses dresse le bilan des intoxications liées à la consommation de champignons enregistrés par les centres antipoison : 1 363 cas recensés entre juillet et décembre 2024, un chiffre stable par rapport aux années précédentes. Mais l’inquiétude tient à la gravité des cas : 41 intoxications sévères (3,1 %), dont trois mortelles, et trois patients souffrant désormais d’insuffisance rénale chronique.
Depuis le 1er juillet 2025, près de 500 cas ont déjà été signalés aux centres antipoison. Une augmentation nette est observée depuis début septembre et un pic est attendu en octobre.
Qui sont les patients intoxiqués ?
En 2024, les intoxications ont concerné aussi bien des hommes (47 %) que des femmes (53 %), avec un âge moyen de 47 ans. Parmi les patients, 55 étaient des enfants de moins de 10 ans, dont le plus jeune âgé de seulement 20 mois. Une donnée préoccupante, alors qu’il est déconseillé de donner des champignons cueillis aux jeunes enfants.
Si toutes les régions françaises ont rapporté des cas, certaines apparaissent plus touchées : Auvergne Rhône-Alpes (18,6 %), Occitanie (16,1 %) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (14 %) arrivent en tête. La Nouvelle-Aquitaine (10,7 %) et le Grand Est (9,3 %) complètent ce palmarès des zones les plus concernées.
Les bons réflexes à rappeler aux patients
- Ramasser uniquement les champignons parfaitement connus.
- Faire contrôler sa cueillette par un pharmacien ou une association de mycologie.
- Ne jamais donner de champignons cueillis aux enfants.
- Éviter les sacs plastiques pour le transport, préférer les paniers.
- Toujours cuire les champignons sauvages au moins 20 minutes et ne jamais les consommer crus.
- En cas de détresse vitale, il faut composer le 15 ou le 112. En cas d’apparition de symptômes après la consommation de champignons (diarrhées, vomissements, nausées, vertiges, tremblements, troubles visuels, etc.), il faut contacter sans délai un centre antipoison au 01 45 42 59 59.
Quels symptômes doivent alerter ?
La majorité des intoxications se traduisent par des troubles digestifs (93,6 %) : nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales. Mais près d’un patient sur cinq a présenté des signes neurologiques (vertiges, céphalées, tremblements, coma), et 17,3 % des signes généraux tels que malaise ou hyperthermie. Des manifestations cutanées ou cardiovasculaires ont également été rapportées.
Les syndromes phalloïdiens, liés à l’amanite phalloïde, restent les plus redoutés : ils provoquent des atteintes hépatiques fulminantes nécessitant parfois une greffe de foie.
Le délai d’apparition des symptômes est variable, le plus souvent de quelques heures après la consommation, mais il peut être plus long et dépasser 12 heures. L’état de la personne intoxiquée peut s’aggraver rapidement. En cas de symptômes, il est utile de noter les heures du ou des derniers repas, l’heure de survenue des premiers signes et de conserver les restes de la cueillette pour identification.
Les pharmaciens, relais de prévention
En parallèle de la surveillance épidémiologique, l’Anses et le Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm) ont diffusé en 2024, dans de nombreuses officines, des vidéos pédagogiques rappelant les règles de prudence en matière de cueillette. Le dispositif sera reconduit en 2025.
Les confusions les plus fréquentes
Les intoxications sont principalement dues à la confusion entre espèces comestibles et toxiques (mais aussi à une mauvaise conservation, une cuisson insuffisante ou une consommation excessive). En 2024, trois erreurs d’identification se sont révélées particulièrement fréquentes :
- Les girolles et chanterelles, confondues avec le clitocybe de l’olivier ou le faux clitocybe lumineux, deux champignons toxiques.
- Les coulemelles, parfois prises à tort pour des amanites phalloïdes, responsables des intoxications les plus graves.
- Les agarics champêtres, confondus avec des agarics jaunissants, entraînant de sévères troubles digestifs.
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis