L’HE DE LAVANDE ASPIC

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Publié le 15 juin 2013
Par Sylviane Le Craz
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Qu’est-ce que c’est ?

• L’HE de lavande aspic, qualifiée parfois de « sauvage », est obtenue par distillation des épis floraux terminaux lâches, violet pâle, de Lavandula latifolia, anciennement nommée L. spica. De la famille des Lamiacées, cette plante sensible au froid prospère dans la garrigue et les coteaux arides et calcaires des bords de mer du sud de l’Europe.

• Fluide, l’HE de lavande aspic est incolore à jaune pâle. Son odeur fraîche et herbacée est plus camphrée que celle de l’HE de lavande vraie.

• L’HE de lavande aspic contient principalement du 1,8 cinéole (environ 30 % de l’HE), un oxyde terpénique, et des monoterpénols (30-40 % de l’HE), du linalol notamment. Cette HE est également riche en camphre (2-bornanone), une cétone représentant 5 à 10 % de l’HE produite en France et jusqu’à 50 % de l’HE provenant du portugal.

Quelles sont ses propriétés ?

• Par inhibition de la cascade arachidonique, de la synthèse des prostaglandines et des cytokines pro-inflammatoires, le 1,8-cinéole présente une action anti-inflammatoire à laquelle s’ajoute celle du camphre.

• Le camphre est impliqué dans le pouvoir régénérant des tissus cutanés de l’HE et freine les proliférations conjonctives anormales responsables de cicatrices chéloïdes. Le linalol est réputé pour ces propriétés toniques et astringentes cutanées.

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• Le 1,8-cinéole stimule les glandes à mucine et la motricité ciliaire tandis que le camphre fluidifie les sécrétions bronchiques.

• La synergie entre le 1,8-cinéole et les monoterpénols explique les propriétés antivirales.

Quelles sont ses utilisations ?

• L’HE de lavande aspic est réputée pour favoriser la guérison des morsures de serpents, en particulier celles de la vipère aspic, d’où l’origine de son nom vernaculaire. Cette HE est également reconnue pour soulager les piqûres de guêpes, de méduses, de vives et de scorpions.

• Son action cicatrisante remarquable la place en première intention dans le traitement des brûlures par HE. Elle est particulièrement intéressante dans les plaies atones, les ulcères et les escarres (grade I et II), diluée dans une huile végétale.

• Antimycosique, elle éradique les mycoses cutanées.

• Cette HE expectorante et mucolytique est intéressante en cas de toux quinteuse. Elle peut être proposée dans les infections ORL et l’herpès pour son action virucide.

• On lui reconnait par ailleurs des propriétés antidouleurs dans les névralgies dentaires, la migraine et les névrites, ainsi que des vertus anti-asthéniques nerveuses, détoxifiantes, toniques cardiaques.

Quelles sont les doses efficaces ?

• La voie cutanée est à privilégier (3 à 6 gouttes d’HE pure sur une brûlure ou diluée, 3 fois par jour)

• En cas de pathologies ORL, la posologie pour un adulte est de 3 gouttes 4 à 6 fois/j, pour la voie orale, et de 100 à 120 mg par suppositoire, 4 suppositoires par jour pour la voie rectale, sur une durée de 5 à 7 jours. La posologie est réduite de moitié chez les enfants. Ne pas conseiller la voie orale avant 6 ans.

• Sur une piqûre d’animaux, certains spécialistes conseillent l’application de 2 gouttes toutes les 5 minutes pendant une demi-heure.

Quels sont ses risques ?

• Malgré la présence de cétone, l’HE de lavande aspic originaire de France ne semblerait présenter aucune contre-indication. Son innocuité n’est pas établie pour les autres origines, notamment portugaise, le camphre étant neurotoxique et abortif. Toutefois, l’ANSM recommande de ne pas utiliser de camphre, d’eucalyptol et de menthol chez les enfants de moins de 36 mois en raison du risque neurologique de ces molécules (convulsions).

• Métabolisé par le cytochrome P450, le 1,8-cinéole est susceptible d’interférer avec le métabolisme d’autres substances médicamenteuses.

• L’HE de lavande aspic ne doit pas être confondue avec celle de lavande vraie (L. angustifolia), d’une très bonne tolérance, mais de composition différente (absence de camphre, présence d’esters). La lavande vraie est notamment indiquée pour combattre le stress et l’anxiété.

CE QU’IL FAUT RETENIR

• HE à 1,8-cinéole, à monoterpénols et à camphre, l’HE de lavande aspic est indiquée en cas de brûlure et de piqûres d’animaux.

• L’HE originaire de France est la moins riche en camphre, mais ne doit pas être conseillée avant l’âge de 3 ans.

• Ne pas confondre les différentes HE de lavande (vraie, aspic, lavandin…)

Sources : P. Franchomme, D. Pénoël, « L’aromathérapie exactement », édition Roger Jollois, 2001. D. Baudoux, « L’aromathérapie – Se soigner par les huiles essentielles », éditions Amyris, 2007. M. Faucon, « Traité d’aromathérapie scientifique et médicale », éditions Sang de la terre et Médial, 2012. A. Zhiri, D. Baudoux, M. L. Breda, « Huiles essentielles chémotypées », éditions Inspir, 2009. Anti-inflammatory activity of 1,8-cineol in bronchial asthma, Juergens UR et al., Respir Med. 2003 Mar ; 97 (3) : 250-6.