Beyfortus : un tournant dans la prévention des infections pédiatriques

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Beyfortus : un tournant dans la prévention des infections pédiatriques

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Publié le 5 juin 2025 | modifié le 10 juin 2025
Par Mathilde Combel
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L’arrivée sur le marché du Beyfortus (nirsévimab) a marqué un tournant dans la prévention des infections au virus respiratoire syncytial chez le nourrisson. En une saison, les données révèlent une baisse significative des hospitalisations pour bronchiolite, mais aussi une réduction des formes ambulatoires et des otites.

Chaque hiver, les épidémies de bronchiolite saturent les services hospitaliers, entraînant des plans blancs dans plusieurs régions et un manque de lits en pédiatrie. Première cause d’hospitalisation chez les nourrissons de moins d’un an, cette infection virale représentait un véritable défi de santé publique. L’arrivée du Beyfortus, anticorps monoclonal ciblant le virus respiratoire syncytial (VRS), a changé la donne dès sa première saison d’utilisation en France.

Rétrospective des saisons précédentes

Lors de la première saison d’utilisation (2023-2024), 250 000 doses de nirsevimab étaient prévues par Sanofi. Mais face à la forte adhésion des parents, les doses ont été administrées en priorité aux bébés de moins de 3 mois en maternité. Résultat : environ 6 000 hospitalisations pour bronchiolite, contre près de 50 000 habituellement. L’efficacité sur les formes hospitalisées atteint 80 %, avec une très bonne tolérance.

L’hiver 2024-2025 a marqué un nouveau cap : grâce à une couverture élargie à la ville et aux maternités, 400 000 bébés ont été immunisés, soit 60 % des naissances. Aucun plan blanc n’a été déclenché cette année, un signe fort de la maîtrise du pic épidémique.

Diminutions des bronchiolites ambulatoires

Les bronchiolites ne se limitent pas aux formes graves hospitalisées : pour une hospitalisation, trois cas sont traités en ambulatoire. Grâce au réseau de surveillance Pari, qui regroupe 125 pédiatres en ville sur toute la France, l’impact de Beyfortus a pu être évalué : près de 80 % d’efficacité (79,7 %) sur les bronchiolites ambulatoires.

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En ville comme à l’hôpital, l’adhésion a été forte, avec une couverture atteignant 6 nourrissons sur 10. La durée de conservation des doses (désormais portée à 3 ans au lieu de 2 au départ) permet de mieux planifier la production pour la saison prochaine, avec un objectif porté à 70 % de couverture. Les données confirment que ce sont bien les formes bronchiolites à VRS – 70 % des bronchiolites testées – qui ont le plus diminué.

Bénéfices sur les otites et la prescription d’antibiotiques : des effets collatéraux positifs

Effet inattendu mais très encourageant : la baisse des otites chez les nourrissons immunisés. Le lien entre circulation du VRS et pic d’otites est bien établi, indique le laboratoire Sanofi. Cette saison (2024-2025), la baisse a été particulièrement marquée chez les moins de 12 mois (-23,7 %), notamment chez les moins de 6 mois, les plus immunisés.

Le VRS, en décapant la muqueuse bronchique, favorise les surinfections respiratoires, expliquant en partie cette corrélation. En consultation, lorsqu’un praticien diagnostique une otite, il est souvent impossible de distinguer une cause virale d’une cause bactérienne, ou même les deux. Résultat : l’otite reste la première cause de prescription d’antibiotiques chez l’enfant, représentant jusqu’à 80 % des traitements prescrits.

Des études comparatives pré-AMM en double aveugle versus placebo ont d’ailleurs confirmé une baisse d’environ 25 % des prescriptions d’antibiotiques avec l’administration de Beyfortus. Ce médicament, initialement conçu pour lutter contre la bronchiolite hospitalière, démontre aujourd’hui un impact élargi : sur les bronchiolites ambulatoires, les otites, et la réduction indirecte mais significative de la pression antibiotique.