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Et si vous nous racontiez ce qui a été important pour vous en 2016 ? C’est la question que nous avons posée aux confrères. Des réponses engagées, optimistes ou à contre-courant, qui nous ont réservé de belles surprises. A partager.

Une confraternité active grâce à Facebook

Alexandre Bonnuit Titulaire Rambouillet (Yvelines)

Depuis ma reprise de la pharmacie, en novembre 2011, la fréquentation n’a cessé d’augmenter et pourtant mon chiffre d’affaires est en baisse car, comme pour de nombreuses pharmacies, les trois quarts de mon activité dépendent du médicament. Les honoraires de dispensation ne suffisent pas à compenser les baisses de prix. La vaccination à l’officine n’est pas un levier de croissance. A quoi bon se mettre les autres professionnels à dos pour 2 000 euros de chiffre d’affaires ? Je vais essayer de développer des services d’aide aux objets de santé connectée. Mais, dans ce contexte économique difficile, j’ai vu avec plaisir le développement d’une confraternité active et positive via Facebook.

Le pharmacien n’est plus seul dans son officine. On peut échanger, se donner des trucs et astuces, connaître les conditions commerciales des uns et des autres, avoir accès à de l’information, rire ensemble via des groupes réservés. Ces groupes ont ringardisé les syndicats qui, pour moi, sont dans des guerres de pouvoir interne contre-productives.

Enfin, l’affaire de Madame Ho, pharmacienne titulaire sans diplôme, a inquiété de nombreux patients. Pour eux, c’était aussi grave que prendre de faux médicaments.

Ly-Hien Phan Titulaire, Paris XV

Les finances de la pharmacie sont en danger. D’après les calculs des syndicats, la rémunération par boîte a diminué, le prix des médicaments a baissé de 15 % en moyenne, ainsi que celui des génériques. Ma trésorerie a diminué. En outre, depuis les attentats de novembre 2015 et de juillet 2016, je constate une baisse de fréquentation de mon officine : il y a moins de touristes, et beaucoup de parisiens préfèrent désormais aller vivre en province.

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Bernard Lepine Titulaire retraité, Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire)

Je trouve dangereux que les hommes politiques veuillent multiplier la création des maisons de santé pluridisciplinaires. Leur implantation non réfléchie fragilise le maillage officinal car provoque la fermeture des petites pharmacies de proximité.

Une série qui me dérange

Gabriel Serres Adjoint, Gruchet-le-Valasse (Seine-Maritime)

La profession ne manque pas d’humour, d’engagement et d’autodérision. Cependant la pilule passe mal avec le nouveau venu de la série M6 « Scènes de ménages ». Il s’agit d’une caricature d’un pharmacien d’un autre temps, riche, ringard du haut de sa cinquantaine, désagréable. En bref, le parfait pharmacien que l’on aime détester. Il est intéressant de souligner également que l’actrice qui interprète sa jeune compagne n’est autre que l’égérie de la Marque Repère de l’enseigne Leclerc. Peut-on songer que la série envoie subrepticement un message aux téléspectateurs : pourquoi ne pas marier les pharmaciens et Leclerc ? En clair, pourquoi ne pas ouvrir le monopole des médicaments et permettre leur vente chez Leclerc ? Ou bien peut-on penser à un éventuel copinage entre M6 et Leclerc pour ternir l’image du pharmacien ?

L’union de la profession est l’événement marquant de 2016

Sylvie Parent-Collin Titulaire, Semeac (Hautes-Pyrénées)

L’union de la profession, attendue par l’ensemble des pharmaciens et renforcée par le résultat des dernières élections professionnelles, était notre seule chance de nous faire entendre. Mon engagement sur les réseaux sociaux m’a permis de me rendre compte de cette attente.

Grâce à ces avancées, l’union de la profession (Ordre, syndicats, groupements, étudiants) est désormais une réalité, nos instances parlent d’une même voix et portent un message commun. Cette union représente un grand espoir pour l’ensemble des pharmaciens, d’autant plus, que ce message semble avoir été entendu et repris par notre ministre de tutelle.

La profession est prête à se réformer, malgré les difficiles mesures prévues par les lois de financement de la Sécurité sociale. Cependant, cette réforme ne pourra se faire sans contrat garantissant une juste rémunération.

Souhaitons que ces messages soient entendus et que la nouvelle convention soit à la hauteur de nos espérances. C’est la volonté première du groupe Facebook « Pharmaction » qui vise à informer, à dialoguer, à débattre et à mobiliser le plus grand nombre de pharmaciens.

Arnaud Souty Cotitulaire, Le Bourget (Seine-Saint-Denis)

En 2016, nous avons subi aussi bien la baisse des prix des spécialités remboursables que la baisse des prescriptions. J’ai beaucoup d’espoir quant aux nouvelles missions proposées aux pharmaciens. Je déplore que l’image de la profession soit régulièrement ternie et salie dans les médias.

Je reste optimiste

Minh Trung Tran Chau Cotitulaire, Le Bourget (Seine-Saint-Denis)

L’année 2016 aura vu le passage à l’honoraire de dispensation à 1,02 € au lieu de 0,82 € en 2015. Cependant nous avons observé, en 2016, une baisse de prescriptions, tant au niveau du nombre que du volume de ces dernières. Cette tendance semble être générale. Je reste pourtant optimiste car nous avons réalisé des travaux d’agrandissement dans l’officine que nous avons reprise il y a 5 ans en Seine-Saint-Denis. Nous avons également rejoint un groupement de pharmaciens afin de trouver un vecteur de croissance. L’OTC et la parapharmacie sont en progression chez nous, et nous poursuivons nos efforts pour soutenir cette progression.

Je suis fière de m’être mobilisée

Florence Deguine-Riaux Adjointe, Chilly-Mazarin (Essonne)

De cette année 2016, je retiendrai 4 faits marquants:

– La prise de parole des pharmaciens à l’occasion de la consultation sur le code de déontologie. Le point culminant a été le débat autour de la clause de conscience où les pharmaciens de base, ni syndiqués, ni ordinaux, ont su se mobiliser pour s’opposer à cette mesure qui, selon moi, n’est pas compatible avec la pratique de la pharmacie. Je suis d’ailleurs fière d’avoir participé à cette mobilisation.

– L’essor de la communication interprofessionnelle via les réseaux sociaux et notamment Twitter. Ce mode de communication offre la possibilité d’échanger de façon rapide et informelle avec les autres professionnels de santé, il donne une vision des problématiques quotidiennes de nos confrères et permet une entraide. Twitter peut, selon moi, changer le regard que les professionnels de santé portent les uns sur les autres.

– La concrétisation d’un lien ville/hôpital via la conciliation médicamenteuse. De nombreuses expérimentations ont été développées et le sujet émerge enfin.

– La naissance d’un mouvement prônant la rémunération de la qualité plus que le business à l’officine. Un collectif de pharmaciens a d’ailleurs élaboré, en octobre dernier, 10 propositions pour moderniser la pharmacie. Je n’adhère pas à toutes ces propositions, mais j’approuve cette démarche audacieuse. Même en tant qu’adjointe, je me sens concernée par la viabilité de l’officine. Je ne veux pas travailler chez Leclerc. Jamais. Les pharmaciens ne doivent pas perdre d’argent à bien travailler et ceux qui font bien leur métier doivent être récompensés.