- Accueil ›
- Profession ›
- Socioprofessionnel ›
- Voter c’est vital
Voter c’est vital
Le vote du 7 décembre aux élections professionnelles, déterminant pour la représentativité syndicale, est un enjeu majeur pour toute la profession. A l’heure d’échéances conventionnelles décisives (ROSP, nouvelle convention pharmaceutique…), une faible participation des pharmaciens risque d’affaiblir le poids des syndicats face à l’Assurance maladie.
Prescrire l’avenir », « Valorisons nos compétences », « Livre blanc de la pharmacie »… A coup de slogans, la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France), l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine) et l’UNPF (Union nationale des pharmacies de France) multiplient depuis fin septembre réunions d’information et débats sur le terrain. Ces trois syndicats de pharmaciens savent qu’ils jouent gros. Les résultats issus des régions (lire encadré p. 13) permettent de mesurer l’audience en vue d’une nouvelle enquête de représentativité syndicale, déterminante pour les prochaines négociations conventionnelles.
A deux semaines du vote, chaque organisation espère améliorer son score d’il y a cinq ans. En 2010, l’UNPF a obtenu 11 % des suffrages exprimés, l’USPO 29 % et la FSPF 59 %. Pour continuer à être représentatif et s’asseoir à latable des négociations conventionnelles, chaque syndicat devra obtenir plus de 10 % du suffrage exprimé. Au-dessus des 30 %, il pourra signer seul une convention et, au-delà des 50 %, il sera considéré comme majoritaire et pourra s’opposer à la signature d’une convention. « Il est important pour nous de conservernotre niveau de représentativité voire de l’améliorer », déclare, déterminé, Philippe Gaertner, président de la FSPF, qui espère ainsi dépasser à nouveau la barre des 50 %. L’USPO, elle, ne l’entend pas ainsi. Le syndicat, né d’une scission avec la FSPF, trouve là une belle occasion de rebattre les cartes et de rééquilibrer les forces en présence. « Pour une défense professionnelle efficace, aucun syndicat ne doit avoir la majorité absolue », écrit l’organisation dans son programme électoral. Ce mot d’ordre sera-t-il suivi par les pharmaciens ? Et comment mobiliser les confrères enlisés dans les difficultés quotidiennes ?
Hors les honoraires, peu d’idées clivantes
Pour se démarquer, les syndicats ont présenté leurs programmes. Ils comportent peu d’idées clivantes. Tous les trois prônent l’évolution du métier vers un rôle plus affirmé d’acteur de soins de proximité, l’introduction de nouvelles missions ou encore la défense du monopole. C’est surtout la question économique, celle qui intéresse le plus aujourd’hui les officinaux, qui divise les syndicats.
Sur les honoraires de dispensation, l’USPO et l’UNPF reprochent ouvertement à la FSPF d’avoir failli en signant seule l’avenant conventionnel introduisant les honoraires à la boîte (0,80 € en 2015 puis 1 € en 2016) qui ne protègent pas selon elles les pharmaciens des baisses de prix massives.
Pour l’avenir, l’USPO propose de transformer les actuels honoraires en forfait fixe intégré dans le prix public du médicament, de supprimer la tranche à 0 % de marge au-delà de 1 500 € et d’introduire des honoraires en privilégiant les ordonnances inférieures à 15 €.
L’UNPF, elle, souhaite aller vers des honoraires à l’acte ainsi que des honoraires de responsabilité sur les traitements ALD. Quant à la FSPF, elle considère que « faire une marche arrière entraînerait un manque à gagner pour la profession ». Mais, reconnaissant que la réforme est insuffisante, elle dégaine son plan d’urgence pour soulager les trésoreries des pharmacies les plus mal en point et presse les partenaires conventionnels à aller vers des honoraires à l’ordonnance en plus de ceux à la boîte.
Autre divergence importante entre les trois syndicats : l’ouverture du capital. Dans son dernier Livre blanc, l’UNPF suggère que tous les pharmaciens, sans se limiter aux officinaux, puissent accéder au capital d’une officine. Cette idéequi pourrait intéresser certains confrères est pourtant combattue par l’USPO et la FSPF (voir Le Moniteur n° 3099).
Des contestataires prennent part aux débats
A l’approche des rendez-vous conventionnels décisifs pour l’avenir officinal, ces propositions restent insuffisantes aux yeux de l’association de défense des pharmaciens (ADP), anciennement association des Pigeons Pharmaciens. Dans un document envoyé aux syndicats, elle regrette « un manque de projection économique et de consensus préjudiciable à la profession ». « Notre hantise reste qu’après le 8 décembre, les choses restent telles qu’elles sont, d’autant plus qu’entre-temps le PLFSS est passé sans encombre et que les pharmacies continuent inexorablement de fermer à un rythme qui ne peut que s’accélérer si aucune solution pérenne acceptable est trouvée très rapidement », écrit l’ADP.
Une « hantise » qui risque de peser sur le vote. S’ils ont participé massivement au scrutin en 2010 (61,47 %, le meilleur score de tous les professionnels de santé), les pharmaciens seront-ils de nouveau au rendez-vous ? « A chaque scrutin, il y a une érosion de la participation. Pourquoi ? Parce que l’électeur ne parvient pas à faire la différence entre les syndicats », commente Michel Chassang, président de l’UNAPL (Union nationale des professions libérales).
Economiste de la santé, Claude Le Pen évoque, lui, la possibilité d’un vote sanction. « Beaucoup de pharmaciens risquent de penser que ces élections ne servent à rien. Du coup, la prime irait alors aux votes contestataires comme chez les médecins », dit-il. Pour Michel Chassang, « plus il y a d’abstention, plus le vote pénalise le syndicat majoritaire, qui cristallise toutes les critiques ». Claude Le Pen ajoute : « Le syndicat majoritaire, qui accepte le dialogue conventionel, peut être mal vu provisoirement dans une situation économique tendue. »
Stéphane Billon, économiste de la santé, redoute quant à lui une abstention élevée. « Un vote massif permet aux syndicats de faire des propositions pertinentes pour la profession. Si on a des syndicats faibles, les pharmaciens se verront imposer des réformes non voulues », prévient-il. Abstention, vote sanction ou vote d’adhésion ?… Réponse le 11 décembre.
Comment voter ?
Le scrutin, à un tour, s’effectue exclusivement par correspondance.Dès le 30 novembre, les 27 862 titulaires électeurs recevront un bulletin de vote et une enveloppe spécifique T. Une fois le choix effectué, il suffitde glisser le bulletin dans l’enveloppe sans surcharge ni rature, d’apposer sa signature à l’emplacementprévu et à poster l’enveloppe avant le 7 décembre 2015 sans l’affranchir.
Le dépouillement et la publication des résultats auront lieu le 11 décembre 2015. 165 pharmaciens au total seront élus dans les 13 régions et 4 départements d’outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique et Mayotte) issues du nouveau découpage régional.
Vous, votre régionet notre carte interactive
A l’occasion des élections pour les URPS, lemoniteurdespharmacies.fr met à votre service une carte interactive. Evolutive, elle vous propose de retrouver toutes les informations sur ces élections professionnelles. En survolant la région qui vous intéresse, vous pouvez connaître les noms des candidats tête de liste, le nombre des électeurs inscrits ainsi que le nombre de sièges à pourvoir.En cliquant sur la région, vous pouvez accéder aux premiers bilans de l’équipe sortante et aux projets en cours. Un agenda des dates des soirées d’informations de chaque syndicat est également à votre disposition.
- Rémunération des pharmaciens : une réforme majeure se prépare-t-elle ?
- Les métiers de l’officine enfin reconnus à risques ergonomiques
- Remises génériques : l’arrêté rectificatif en passe d’être publié
- Réforme de la rémunération officinale : quelles sont les propositions sur la table ?
- Paracétamol : quel est cet appel d’offres qui entraînera des baisses de prix ?
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis


