“Toute mon équipe a eu le coronavirus”

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Publié le 4 juillet 2020
Par Yves Rivoal
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Cotitulaire avec sa mère d’une officine de quartier à Achères (Yvelines), Katia Haziza et toute son équipe ont été frappées par le Covid-19. In fine, ce virus lui a permis de renforcer le lien avec ses collaborateurs.

Lorsque le gouvernement a déclaré le confinement le 17 mars, toute l’équipe s’est mobilisée avec détermination et enthousiasme », se souvient Katia Haziza, cotitulaire avec sa mère, sylvia gozlan, de la pharmacie gozlan-haziza à achères (yvelines). Pour protéger ses collaborateurs, elle installe des protections en plexiglas aux comptoirs et impose un filtrage pour faire rentrer les clients un par un. Toutes ces mesures vont finalement se révéler vaines. Le 23 mars, son adjointe est la première à présenter des symptômes grippaux. Le test confirme qu’il s’agit du coronavirus. Quelques jours plus tard, c’est au tour de Katia Haziza. « la première semaine a été terrible, raconte la pharmacienne. J’avais des courbatures et des douleurs musculaires épouvantables, une toux quinteuse très forte… les deux semaines suivantes, les troubles respiratoires avaient disparu, mais j’éprouvais une fatigue intense et j’avais des troubles digestifs, des nausées, des vomissements… »

Un personnel de santé vraiment dévoué

Les deux pharmaciennes sur le flanc, Katia Haziza se résout à rappeler sa mère, âgée de 74 ans. « Pour assurer la présence d’un diplômé, elle a dû revenir à l’officine où elle restait toute la journée enfermée le plus possible dans le bureau, afin d’éviter au maximum les contacts », précise la titulaire. Car le coronavirus a continué son œuvre. Les deux préparatrices et l’apprenti pharmacien tombent, eux aussi, malades, mais avec des symptômes plus légers. « On ne sait pas comment le virus nous a tous contaminés, note Katia Haziza. Il a probablement commencé à circuler avant que l’on installe les plexiglas. A ce moment-là, nous recevions déjà des patients Covid. La promiscuité du back-office (moins de 20 m2) a sans doute fait le reste, d’autant que nous n’avions pas encore reçu les masques. »

Pour assurer la continuité de l’activité, Katia Haziza décide de réduire les horaires d’ouverture. « Tous les collaborateurs valides ont aussi accepté d’effectuer des heures supplémentaires, afin de combler les absences. Nous ne sommes pas tous tombés malades en même temps, ce qui nous a permis de maintenir l’officine ouverte pendant toute la durée du confinement, à l’exception d’un samedi où l’équipe était vraiment épuisée. » A l’heure des premiers bilans, Katia Haziza tient à saluer l’implication de ses collaborateurs… « Personne ne s’est caché pour essayer de se protéger. Quand notre adjointe est tombée malade, cette dernière est revenue au bout de dix jours, alors que son arrêt maladie était de vingt. Au final, cette crise nous aura permis de renforcer les liens qui nous unissent et la confiance que j’ai en mon équipe. »

Elle aura aussi eu pour effet d’augmenter le chiffre d’affaires de 10 %, pendant le confinement. « Nous sommes dans un quartier populaire d’Achères où la plupart des habitants vont travailler à Paris. Comme ils étaient tous confinés, dès qu’ils avaient un souci de santé, ils venaient à la pharmacie ou nous envoyaient leurs ordonnances par scan pour être livrés à domicile », explique Katia Haziza.

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Son équipe à nouveau au complet depuis le début du mois de mai, la pharmacienne a tiré les leçons de cet épisode douloureux. Elle a commandé un distributeur de gel hydroalcoolique positionné à l’entrée. L’équipe est aussi plus vigilante sur le respect de la zone de confidentialité devant les comptoirs. En revanche, le dispositif de filtrage à l’entrée et les protections en plexiglas seront abandonnés dès que le virus aura cessé de circuler.

BIO EXPRESS

2000

Docteur en pharmacie (faculté de Paris V-René Descartes)

2001

Cotitulaire de la pharmacie Gozlan-Haziza à Achères (Yvelines)

2013

Membre du conseil d’administration du groupement Well&well