Surprescription : Un médecin français sur deux prescrit sous la pression de ses patients

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Publié le 29 octobre 2005
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Consultation = ordonnance = médicaments. » Poser cette équation, c’est aussi comprendre les racines du problème de la surprescription en France. Car, avec 30 milliards d’euros de dépenses en 2004, notre pays est le premier pays prescripteur d’Europe. 90 % des consultations chez un médecin de ville se terminent en effet par une ordonnance, contre 83 % en Espagne, 72 % en Allemagne et… 43,2 % aux Pays-Bas.

Ces chiffres, issus d’une enquête réalisée par Ipsos pour le compte de la CNAM auprès de 1 000 médecins et 4 000 patients, illustrent le fossé qui nous sépare de certains voisins européens. Pourtant, les Français ne consultent pas beaucoup plus que les autres (4,9 consultations en moyenne par an contre 5,2 en Allemagne, 4,8 en Espagne et 3,2 aux Pays-Bas). Mais ils repartent quasiment toujours avec des médicaments prescrits. Dans les sept derniers jours précédant le sondage, les personnes interrogées déclarent avoir pris en moyenne 1,6 médicament prescrits, contre 1,2 en Allemagne et en Espagne et 0,9 aux Pays-Bas (voir ci-dessous). Si les médecins Français concluent presque systématiquement leurs consultations par une prescription c’est parce que, disent-ils à 46 %, ils sont « sous la pression de leurs patients », contre 36 % en Allemagne et en Espagne et 20 % au Pays-Bas. Pire, 10,2 % reconnaissent même effectuer des prescriptions contre leur gré (7,7 % en Allemagne, 6,2 % en Espagne et 5,6 % aux Pays-Bas). 92 % des médecins ressentent notamment une forte attente de prescription pour des troubles du sommeil alors que seulement 27 % estiment que les médicaments sont nécessaires en cas d’insomnie. Ce décalage se retrouve également pour le rhume (58 %/24 %) ou le mal de dos (89 %/45 %).

Mais rien n’est perdu. Car, paradoxalement, les Français ne considèrent pas l’ordonnance comme une évidence. 8 sur 10 estiment en effet qu’elle ne doit pas forcément faire suite à une consultation. Ils sont autant à se dire prêts à faire évoluer leurs comportements plutôt que de prendre un médicament. C’est à l’aune de ces derniers chiffres que l’Assurance maladie veut inciter au changement en lançant dans les prochains mois des campagnes sur le bon usage des médicaments.

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