Préservatifs gratuits : peut mieux faire

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Préservatifs gratuits : peut mieux faire

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Publié le 10 février 2023
Par Yves Rivoal
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La distribution des préservatifs gratuits en pharmacie pour les moins de 26 ans est lancée depuis plus d’un mois. Alors que le dispositif imaginé par le gouvernement gagnerait à être amélioré sur certains points, les pharmaciens jouent-ils le jeu ?

« Pour l’instant, seules les boîtes de 24 chez Eden et de 12 chez Sortez couverts ! semblent disponibles. Les commandes doivent donc se concentrer sur ces deux références en attendant que les fabricants élargissent leur offre », espère Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pour Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), la mesure, telle qu’elle a été conçue, induit des abus. « Certains jeunes font le tour des pharmacies afin de constituer des stocks, qu’ils espèrent peut-être revendre sur d’autres marchés. L’absence de traçabilité du dispositif favorise ce type de comportements et pourrait aussi expliquer les tensions observées dans certaines officines. »

Seulement deux marques remboursées

Alain Grollaud s’interroge, lui, sur la décision de ne rembourser que les marques Eden et Sortez couverts !. « Nous vendons en pharmacie depuis des années les marques Manix et Protex qui fabriquent, elles aussi, des produits de qualité, et qui pourraient être éligibles au remboursement, rappelle le président de Federgy. Ce qui permettrait d’éviter les phénomènes de rupture observés dans certaines pharmacies, car je ne vois pas comment deux fabricants pourront à eux seuls répondre à la totalité de la demande. » Cette différence de traitement est d’ailleurs problématique pour Laurent Filoche. « Nous avons tous des boites de préservatifs d’autres marques que nous allons devoir écouler, note le président de l’UDGPO. Or la gratuité sape le marché. Beaucoup de pharmaciens seront tentés de commander les préservatifs gratuits au fil de l’eau afin de privilégier la vente des autres marques. C’est ce que je fais dans mon officine où j’indique aux jeunes qui demandent des préservatifs gratuits de revenir l’après-midi même ou le lendemain matin. »

Les pharmaciens jouent-ils le jeu ?

Patrick Pisa, directeur général du laboratoire Polidis regrette que certains pharmaciens soient encore hésitants. « Lorsque nous avons lancé en 1992 avec Christophe Dechavanne l’opération Sortez couverts !, l’un de nos objectifs était de faire revenir les jeunes en pharmacie. Avec la gratuité, je pense que nous allons réussir à l’atteindre. Des pharmaciens m’ont d’ailleursconfié n’avoir jamais vu autant de jeunes dans leur officine que depuis le début de l’année. Il serait donc dommage que les titulaires ne sautent pas sur l’occasion qui leur est offerte de récupérer un marché en grande partie préempté par la GMS », conclut-il.

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