Pénuries de médicaments : laboratoires et ANSM en prennent pour leur grade

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Pénuries de médicaments : laboratoires et ANSM en prennent pour leur grade

Publié le 9 novembre 2020
Par Anne-Hélène Collin
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Sur les 140 médicaments signalés en rupture de stock et en tension d’approvisionnement sur le site de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) au 15 juillet 2020, l’UFC-Que Choisir compte une majorité de médicaments anciens (75 % ont une date de commercialisation antérieure à 2000), « indispensables pour les patients » (65 % avec un service médical rendu – SMR – important), peu coûteux (75 % vendus à moins de 25 € et un quart à moins de 4 €), et souvent des formes injectables (44 % des ruptures). L’article publié ce 9 novembre dresse aussi un bilan peu glorieux pour les laboratoires et les autorités de santé : face à « un phénomène à la dynamique explosive » (de 406 ruptures de stock signalées en 2016, l’ANSM en comptait 1 200 en 2019 et projette 2 400 en 2020), l’UFC-Que Choisir pointe les « piètres alternatives aux pénuries » fournies par les fabricants (et, dans près d’un cas sur 5, l’absence de solutions), et « la déplorable incurie des pouvoirs publics ».

Problème d’approvisionnement en principes actifs ou matières premières (37 %), incidents de production (23 %), hausse de la demande mondiale (18 %), arrêt de commercialisation (16 %) ou défaut de qualité (6 %) sont les principales causes de ruptures. « Les pénuries se concentrent sur les médicaments les moins rentables, quand ceux vendus à prix d’or sont épargnés : conséquence de décisions financières des laboratoires ? », s’interroge l’UFC-Que Choisir.

Et l’obligation de constituer des stocks ?

« Cette affirmation témoigne d’une méconnaissance manifeste de la réalité de notre secteur. Les entreprises qui fabriquent les produits les plus anciens ne sont souvent pas les mêmes que celles qui découvrent et fabriquent les médicaments les plus innovants », répond Le Leem (Les Entreprises du médicament), dans son communiqué du même jour. S’il s’agit avant tout « d’un phénomène multifactoriel », « dans un environnement extrêmement rigoureux sur le plan de la sécurité du médicament », « la cause principale des ruptures de stocks est liée à l’insuffisance des capacités de production au regard de l’augmentation ou des fluctuations imprévues de la demande mondiale en médicaments ». Quant à l’explosion du nombre de ruptures, elle s’explique par « un gonflement statistique par rapport à la période antérieure », justifie Le Leem. « Le système français a amélioré sa capacité d’anticipation des tensions d’approvisionnement en instaurant un signalement plus précoce des situations à risque à l’ANSM à partir de 2016. »

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Reste que le décret sur la constitution de stocks pour éviter les pénuries, pris en application de l’article 48 de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2020, n’est toujours pas publié.