Pénuries de médicaments : la question du rapatriement industriel est sérieusement posée

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Pénuries de médicaments : la question du rapatriement industriel est sérieusement posée

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Publié le 24 octobre 2019
Par Magali Clausener
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Jacques Biot était l’invité du Café Nile qui s’est déroulé le matin du 23 octobre 2019. L’homme est chargé par le Premier ministre d’une mission sur les pénuries de médicaments dont l’objectif est d’émettre des propositions afin de limiter les ruptures. Cette mission, qui s’inscrit dans le cadre de la feuille de route présentée par Agnès Buzyn le 8 juillet 2019, est complémentaire aux 7 groupes de travail mis en place le 23 septembre.

Jacques Biot a détaillé son rôle : analyser les flux logistiques au niveau mondial, les points critiques et la façon dont ils sont gérés par les industriels, la production des médicaments importants et des principes actifs en France et en Europe. La mission doit également étudier les incitations et les moyens qui permettraient de relocaliser la production en France, ainsi que la politique de prix du Comité économique des produits de santé (CEPS) pour les médicaments matures à faible prix. Elle doit aussi se pencher sur les solutions possibles de production mixte (public/privé) de certains médicaments. « Il faut arriver à identifier rupture par rupture : celles qui sont vraiment liées à un problème de rupture de principes actifs, à un seul fournisseur au niveau mondial ou à une montée en normes dans certains pays, par exemple des usines fermées en raison de la pollution », a précisé Jacques Biot qui veut également réaliser une cartographie historique des usines chimiques en Europe (celles qui ont fermé, celles qui tournent et celles qui sont en danger). La mission devrait aussi se pencher sur les expériences des pays étrangers afin de résoudre le problème des pénuries, en particulier celle des Etats-Unis. Enfin, Jacques Biot devrait prendre attache avec le CEPS, la Haute Autorité de santé (notamment pour faire le point sur le service médical rendu de médicaments anciens et la pertinence de relever leurs prix), l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) et la pharmacie centrale des armées.

Jacques Biot doit remettre son rapport en janvier 2020. Pour mener à bien sa mission, il dispose d’une équipe de trois personnes. Il va également auditionner les différents acteurs du secteur. Le travail est donc considérable compte tenu du délai de trois mois. Plusieurs participants, représentant des laboratoires et du Leem (Les entreprises du médicament), ont pointé du doigt le fait qu’un rapatriement de certaines productions pouvait prendre plusieurs années. Jacques Biot, qui n’a pas voulu prendre de position sur le sujet, a assuré qu’il serait « pédagogique » afin de concilier les attentes immédiates du gouvernement, des patients et des professionnels de santé, et celles à long terme des industriels.

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