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Pénuries de médicaments : biosimilaires et génériques, la solution ?
Disposer de plus de stocks de médicaments pourrait permettre de faire face aux pénuries de médicaments. C’est ce que pensent les députés socialistes et apparentés. Pour Frédéric Bizard, professeur d’économie à l’Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP) et président fondateur de l’Institut Santé, la solution passe d’abord par le développement des génériques et des biosimilaires.
La une augmentation des stocks ne résoudrait pas le problème des pénuries de médicaments. Au contraire, elle pourrait même aggraver la situation et aurait des conséquences économiques pour les industriels du médicament, en particulier une forte hausse des coûts pour les producteurs qui devraient stocker deux fois plus et investir dans de nouveaux entrepôts de stockage. « Mécaniquement, des laboratoires vont décider de supprimer certaines références de leurs gammes de produits, qui n’étaient déjà pas ou peu rentables. Si la PPL [avec une augmentation des stocks, NdlR] est votée, l’offre de produits sera réduite en France », juge l’économiste.
Plus de génériques et de biosimilaires
Il estime d’ailleurs que « cette PPL ignore la logique économique des marchés les plus concernés qui sont les génériques et demain les biosimilaires ». Or, « le principe du marché des génériques et biosimilaires est d’être concurrentiel et de fonctionner en flux tendus sur des volumes importants et une faible rentabilité, et si on impose des stocks élevés, on réduit la concurrence et on augmente les pénuries ». Alors que, selon Frédéric Bizard, la France se caractérise par un des marchés du générique les moins dynamiques des pays développés (45 % de part de marché en volume total contre plus de 80 % en Allemagne et au Royaume-Uni). Si les conditions de marché (fiscales, administratives, juridique) doivent être améliorées pour optimiser la compétitivité française et attirer plus d’industriels, la lutte contre les pénuries de médicaments passe aussi par des mesures qui accélèrent le développement des génériques et des biosimilaires en France. « Ils sont indispensables pour résoudre les pénuries, et pour associer le financement de innovations avec une maitrise des dépenses globales du médicament », déclare l’économiste. Et de tacler au passage les industriels qui « portent aussi une responsabilité en défendant avant tout la place des princeps. Une régulation économique, assise sur le cycle de vie des médicaments, laissant une part élevée aux génériques et biosimilaires est la seule voie gagnant-gagnant pour toutes les parties prenantes ».
Sécuriser la chaîne du médicament
Pour Valérie Rabault, la PPL a la vertu de mettre le sujet des pénuries de médicaments au cœur des discussions parlementaires. Mais, « à moyen et long terme, c’est toute la chaîne de production du médicament qui doit être sécurisée, en adoptant une stratégie de production européenne – éventuellement via un pôle public – qui permette de couvrir tous les besoins en médicaments matures qui sont ceux qui concentrent la plupart des pénuries », explique-t-elle. De plus, il faudra aussi aborder la question du prix des médicaments matures et rediscuter la clause de sauvegarde (1,6 milliard d’euros prélevés en 2023) « qui depuis 2019 s’applique aussi aux médicaments génériques au point que certains industriels veulent en abandonner la production ».
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