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Objectif taille critique
En inaugurant Pharmagora, Roselyne Bachelot s’est vu remettre un caducée d’honneur « pour son aide sans faille à la profession ». Ce qui n’a pas empêché la ministre d’insister de nouveau sur la nécessité d’une restructuration permettant d’atteindre la « taille critique » qui aidera les officines à assumer leurs nouvelles missions.
L‘organisation de l’offre de services au sein de la pharmacie doit être performante. Il faut assurer la meilleure qualité sur tous les services proposés. Et qui dit qualité pharmaceutique dit excellence. Cela passe par l’atteinte d’une taille critique suffisante », a insisté la ministre de la Santé samedi 4 avril lors de son discours d’inauguration à Pharmagora. Forte de la reconnaissance des nouvelles missions du pharmacien, « des avancées qui, je n’en doute pas, seront reconnues comme telles par les sénateurs [NdlR, à partir du 11 mai] », Roselyne Bachelot a été une fois de plus très claire sur ses attentes vis-à-vis de la profession. Objectif regroupements ! Un leitmotiv depuis le PLFSS 2008. « Pour soutenir la réorganisation du réseau, je vais mandater un groupe de travail auquel participeront les ministères de la Justice et des Finances afin que vous sachiez quels sont les démarches à suivre et les avantages dont vous pouvez disposer », explique-t-elle. Cette philosophie est basée sur l’idée de plus grosses structures capables d’assumer davantage de missions, en droite ligne de la loi HPST (mais aussi de mieux supporter les compressions de marge, comme cela est dit ouvertement par les pouvoirs publics).
Si la ministre a ainsi reçu samedi un « Caducée d’Or » au nom de la profession pour son « soutien sans faille » notamment face aux attaques ultralibérales incessantes depuis deux ans, les pharmaciens de la base, parfois accablés au plan économique, semblent moins bienveillants. Comme l’a montré la grogne qui s’est fait jour samedi, lors d’une conférence consacrée à l’économie officinale chancelante [lire page 6] : « Ce gouvernement n’a pris que des décisions successives de baisse de marge. Je ne suis pas d’accord quand on dit que la ministre actuelle nous défend », a ainsi lancé un titulaire au milieu des hochements de têtes. Réponse de Philippe Besset, chargé de l’économie à la FSPF : « Roselyne Bachelot n’est pas seule au gouvernement et ce gouvernement est très dur ». Bercy, notamment, étant peu ému que des pharmacies battent de l’aile…
Plus diplomatique, Pascal Louis, président du Collectif des groupements (CNGPO), faisait, lui, remarquer sur le plateau TV « Officine 2009 : nouvelles missions ? Nouveaux cadres ? », auquel participait également Roselyne Bachelot, que les regroupements n’étaient pas forcément la seule solution, prônant au passage une organisation capitalistique un peu plus souple (lire notre article sur les succursales de pharmacies dans Le Moniteur n° 2765 du 7 février dernier). Dont acte, pour Roselyne Bachelot, qui se dit ouverte à une réflexion sur « une organisation plus transversale », et à un élargissement aux questions économiques du groupe de travail sur les regroupements, où pourrait être évoquée la rémunération. A cet égard, la FSPF a de nouveau réclamé une refonte de la marge. Le président délégué de l’USPO, Gilles Bonnefond, a lui mis en garde contre le développement de réseaux dont la dimension capitalistique pourrait redonner des billes à la Commission européenne.
Des mutations à opérer
L’Europe. Voilà bien un dossier où la profession peut effectivement aujourd’hui dire merci à sa ministre ! « L’intégralité de notre argumentation [construite avec l’Ordre et les représentants professionnels] a été reprise par l’avocat général de la CJCE, a noté Roselyne Bachelot. […] La Commission européenne a renoncé à nous adresser une mise en demeure sur le maillage territorial, a-t-elle complété. Chaque bataille gagnée nous renforce même si rien n’est jamais définitif. » Et d’insister sur au moins un bienfait de la crise qui a remis la régulation au goût du jour. « Nous sommes à la fin d’un cycle, de nouveaux commissaires seront nommés en octobre. » Même si cette crise correspondra à une période difficile, « il faudra vous interroger sur les mutations à opérer » sans toucher aux trois piliers : monopole, réserve du capital, répartition démogéographique !
Expérimentez sans retenue
Et ces mutations passent bien sûr par les nouvelles activités que porte en germe la loi HPST, a-t-elle insisté. Avec la reconnaissance du conseil officinal et la naissance du pharmacien de coordination, Roselyne Bachelot a invité les pharmaciens à faire vivre les groupes de travail mis en place sur la continuité de la prise en charge entre la ville et l’hôpital, l’interprofessionnalité… Une implication qui débouchera sur « un pharmacien davantage professionnel de santé », selon Philippe Gaertner, président de la FSPF et « qui ne verra pas son rôle s’arrêter au comptoir », pour Jean Parrot, président de l’Ordre.
« Il me semble aussi qu’il faut vous impliquer dans la mise en oeuvre des expérimentations en vue de l’intégration des médicaments dans les forfaits de soins des EHPAD », a aussi ajouté la ministre. Et de confirmer que prochainement « la possibilité de préparer des doses à administrer vous sera reconnue non seulement pour les personnes hébergées dans ces EHPAD mais aussi pour vos patients ou leurs accompagnants qui le souhaiteraient », ceci « dans le respect de bonnes pratiques »
Pour développer ces nouvelles missions et « participer à la définition des territoires de santé », les pharmaciens devront s’impliquer dans les expérimentations de terrain et travailler avec les futures agences régionales de santé, a insisté la ministre car tout ne viendra pas d’en haut, du législatif ou du réglementaire. « Il faudra mordre dans le gâteau. Pour l’instant vous regardez beaucoup passer les trains sans y monter… »
La ministre se veut néanmoins rassurante : « Vous avez des arguments pour battre définitivement en brèche ceux qui vous contestent. Oui la pharmacie est un commerce, mais avec une valeur sociale qui sera de plus en plus reconnue. » Et d’insister sur les atouts primordiaux à ses yeux : un, les trois piliers, qui restent intangibles ; deux, la création de croissance que génèrent le secteur et son implication dans « l’optimisation des ressources collectives » ; trois, son potentiel, avec « de nombreuses perspectives de développement si chacun se mobilise pour apporter la meilleure qualité de service ».
Au fil de ses interventions face aux pharmaciens, Roselyne Bachelot fredonne finalement assez systématiquement le même refrain en forme d’adage : aide-toi et le ciel [de l’avenue Duquesne] t’aidera.
Tests de grossesse en libre accès ?
Roselyne Bachelot a aussi indiqué le 4 avril que le décret sur les centrales d’achat était en cours d’examen au Conseil d’État. La ministre espère une publication très prochaine pour ce décret permettant « d’acquérir au meilleur coût les médicaments à prix libre […] Et donc de proposer des médicaments à des prix raisonnables. » Réaction de Philippe Gaertner (FSPF) : on en serait à – 3 % sur les prix publics à février. Reste que l’Observatoire des prix (publics) ne devrait rendre ses premiers résultats qu’en mai…
La ministre a qualifié le libre accès de « petite révolution », « un autre moyen de mettre en avant vos compétences », et se dit « satisfaite du chiffre de 40 % d‘e pharmacies ayant joué le jeu, sachant que le libre accès nécessite encore du temps et un certain nombre de réglages », a-t-elle concédé. « Et ce sera bientôt 60 % », lui a assuré le président de l’Ordre.
A noter, enfin, une nouvelle idée proposée par le président de l’UNPF : mettre en accès libre les tests de dépistage et en particulier les tests de grossesse.
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