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« Nous nous sentons obligés de participer aux économies de santé »
L’ABDA*, fédération des syndicats professionnels de pharmaciens et organisme conjoint à l’ordre fédéral des pharmaciens, est sur tous les fronts menaçant le médicament. Interview de Hans-Günter Friese, son président.
« Le Moniteur » : Les pharmaciens sont-ils victimes de ces expériences menées par les politiques en matière de maîtrise des dépenses de santé ?
Hans-Günter Friese : Le terme de « victime » suggère que nous nous contentons de rester passifs, ce qui n’est pas le cas. En tant qu’acteurs de santé, nous nous sentons obligés de participer aux efforts d’économies en matière de santé. Par exemple, nous avons certes critiqué le taux obligatoire de ventes de médicaments réimportés fixé à 5,5 % de notre CA, mais nous avons finalement atteint au premier semestre un taux de 8 % ! En revanche, nous nous félicitons de l’introduction de la réglementation de l’« aut-idem » qui renforce la position des pharmaciens en tant que professionnels de santé.
Nous constatons par ailleurs que nous y avons gagné en considération auprès de l’industrie Cependant, nous sommes foncièrement contre la vente par correspondance de médicaments. Non seulement les officinaux et leur personnel en supporteraient les conséquences, mais aussi et surtout les clients qui auraient une baisse de qualité du service.
Pro-Apotheke, la plus grande pétition de l’histoire allemande, a recueilli 7,7 millions de signatures contre la VPC de médicaments sans émouvoir outre mesure le ministère de la Santé. Pourquoi ne pas avoir choisi une action plus virulente ?
Si les politiques ignorent 7,7 millions d’électeurs, ils s’exposent à en payer les conséquences… [NdlR : l’interview a été menée avant le 22 septembre…] L’ABDA a déjà utilisé tous les instruments juridiques en sa possession. La procédure principale est actuellement en cours auprès du tribunal de Francfort. Ce dernier a lui-même déclenché une action auprès de la Cour européenne de justice. Cette juridiction devra déterminer si l’interdiction de la VPC pour les médicaments en Allemagne est compatible avec le droit européen. Nous avons par ailleurs engagé une procédure pour que les caisses soient interdites de publicité en faveur de Doc Morris et avons obtenu gain de cause.
En dépit des efforts réalisés, les dépenses de médicaments ne cessent d’augmenter.
Sont-elles justifiées selon vous ?
Les dépenses de santé augmentent dans tous les pays industrialisés. Au regard de l’évolution démographique, du progrès pharmaceutique et médical, cette augmentation est inévitable. Je considère cependant comme un succès que cette année les dépenses en médicaments aient pu être diminuées d’un tiers par rapport à l’année dernière. Le prix des médicaments a même baissé. Cependant, la hausse de 6,4 % de l’ordonnance démontre la véritable évolution des dépenses : il s’agit de plus en plus de médicaments innovants et donc chers.
Compte tenu du résultat des élections législatives du 22 septembre, quelle sera la réaction de l’ABDA aux projets du gouvernement de revoir la rémunération des pharmaciens, prévoyant une baisse du prix des médicaments moyennant un bonus pour le conseil au client ?
L’initiative Pro-Apotheke est soutenue par tous les députés de l’opposition [NdlR : CDU, CSU, FDP]. Alors, naturellement, nous nous retrouvions davantage dans les programmes de ces partis que dans celui du gouvernement qui fait de la propagande actuellement pour la VPC. En revanche, nous nous déclarons ouverts face à une nouvelle orientation de la politique du prix du médicament. Nous avons ainsi proposé il y a un an déjà que les marges des médicaments au prix réduit soient augmentées. En contrepartie, les prix des médicaments chers pourront être baissés. Cela contribuerait à soulager les finances des caisses et renforcerait le ticket modérateur, voire la part des clients, dans la mesure où de nombreux produits peu chers sont aujourd’hui en automédication. Et dans le cadre d’efforts d’accompagnement pharmaceutique du client, nous demandons naturellement à ce que des honoraires de conseil soit institués.
* Bundesvereinigung Deutscher Apothekerverbände.
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