- Accueil ›
- Profession ›
- Socioprofessionnel ›
- Malades ou non, tous touchés
Malades ou non, tous touchés
Les répercussions du confinement imposé par le SARS-CoV-2 vont bien au-delà de la privation de notre liberté de déplacement. Télétravail et autres tâches « substitutives » comme « faire la classe » aux petits ou livrer des courses à des parents et voisins âgés interrogent nos modes de vie et nos priorités.
Infectés en famille
“Malades, infectés ou pas, confinés toujours, la vie continue. Au jour le jour, on apprend de l’expérience des autres et de la sienne surtout. Chronique familiale.
Damien, 36 ans, et Delphine, idem, parents de trois jeunes enfants, ont vécu le Covid à la maison. Confinés comme beaucoup, par la force des choses, l’un en télétravail, la seconde temporairement privée de direction de crèche.
Pas de fièvre, pas de toux, mais une perte de goût brutale, complète, avec une « petite » rhinite, phénomène qui s’est produit juste avant le confinement à une période où l’anosmie n’avait pas été identifiée comme un signe de Covid, et même son signe le plus spécifique… C’est ainsi que le virus SARS-CoV-2 a commencé sa course, incognito, chez Damien qui est allé consulter son médecin, puis finalement aux urgences de l’hôpital Lariboisière à Paris dans l’espoir de trouver rapidement un spécialiste. Ce dernier n’y a vu que du feu, en l’occurrence l’a traité comme pour une congestion nasale…
A l’image de tous les Français, il s’est donc confiné par la force des choses, à la date officielle, avec femme et enfants, et a été rappelé, après 10 jours, pour un test dans le cadre de l’enquête qui a permis de pointer plus sûrement le lien entre l’infection et la perte d’odorat. 24 heures après, le test est revenu positif, à un moment où il était bien trop tard pour envisager un confinement encore plus strict, dans sa chambre, à l’intérieur de la maison. « Le mal était fait puisque contagieux sûrement, j’avais vécu “normalement” ! », résume-t-il. Ce n’aurait pas été véritablement possible de toute façon avec trois pirates de 6, 3 ans et 19 mois. Delphine a sans doute attrapé “son” virus et a développé des symptômes différents : pas de perte de goût, mais une diarrhée, une fièvre modérée qui culminait à 38,5 °C, des maux de ventre et surtout de tête… Aujourd’hui identifiés comme un signe plus spécifique de Covid.
La situation s’est enfin éclaircie après quelques jours de yoyos symptomatiques. « Des jours un peu compliqués par les inquiétudes que nous avons eues avec le plus jeune qui pendant 48 heures a fait une très forte fièvre, heureusement sans difficultés respiratoires, se souvient Damien : Nous étions en perfusion téléphonique avec un médecin du 15, toutes les 3 heures, pour un rapport d’étape ». Tout, les signes, la contagiosité, les moyens de prévention, les traitements, tout paraissait tellement flou !
Indemnes et confinés
“La mise sur pause a été brutale pour beaucoup, dont le métier n’était pas « essentiel ». Assommé d’informations toujours inquiétantes, chacun à sa manière a réagi, plus ou moins rapidement, à cette impression de catastrophe naturelle, du jamais vu, pour retrouver un certain rythme, en profiter pour « faire le bien » comme disent si joliment nos voisins africains. Confiné pour confiné…
C’est ainsi que Maria, inspectrice des impôts dans le civil, s’est mise à fabriquer des masques en tissu, sur le modèle du CHU de Grenoble (Isère), quand la question de son port était loin d’être à l’ordre du jour. Des masques qu’elle échangeait contre un légume, un pot de confiture. Que Luc a mitonné des citernes de soupe destinées aux élèves infirmières de l’hôpital tout proche, réquisitionnées pour les services Covid. A saluer encore, l’initiative d’Aliénor qui lance un site (1lettre1sourire.org) dès les premières semaines du confinement, une plateforme où l’on est invité à rédiger une lettre qui sera ensuite imprimée et remise à un résident en Ehpad. Sa solution pour rompre l’isolement : la solitude à cet âge est un, et même LE, problème !
Isolé en fin de vie…
“Mon plus grand chagrin, c’est de ne pas avoir pu accompagner mon père dans ses derniers moments, répète Patricia. Âgé, mais resté très autonome, il était toutefois immobilisé pour une fracture du fémur survenue quelques semaines avant le confinement, une fracture impossible à opérer. Il a attrapé, comme tous ses voisins de service de réadaptation d’ailleurs, le virus qui l’a emporté. Très vite, les visites ont été interdites à tous et, au fil de nos échanges téléphoniques, j’ai vu l’état de mon père se dégrader. Lors de la dernière conversation sensée que j’ai eue avec lui, il m’a prévenue qu’il en avait assez, ce que je ne lui avais jamais entendu dire… Il est mort seul, sans que ma mère et moi-même ayons pu le toucher, l’embrasser, (r)établir le lien. Quelle tristesse de penser à la solitude de ses derniers instants. A-t-il compris pourquoi nous ne venions plus ? S’est-il laissé glisser ? L’enterrement, en effectif nécessairement réduit, avec l’évocation des bons souvenirs, nous l’a un peu rendu.
- Rémunération des pharmaciens : une réforme majeure se prépare-t-elle ?
- Les métiers de l’officine enfin reconnus à risques ergonomiques
- Remises génériques : l’arrêté rectificatif en passe d’être publié
- Réforme de la rémunération officinale : quelles sont les propositions sur la table ?
- Paracétamol : quel est cet appel d’offres qui entraînera des baisses de prix ?
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis
