« Libre expression d’un syndicaliste retraité toujours attentif et amoureux de sa profession »

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Publié le 23 octobre 2010
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L’année 2009 se voulait prometteuse, l’Europe confirmait la liberté des Etats à organiser et à financer leur système de protection sociale. L’unanimité s’était faite sur un projet professionnel cohérent, moderne et évolutif, le « rapport Rioli ». La voie de l’avenir semblait tracée, restait à mettre en musique une économie modernisée, pour redonner du sens au métier d’officinal, pour consolider et justifier le rôle social du pharmacien et l’organisation du réseau ! La puissance publique reconnaissait les difficultés économiques du réseau officinal : défauts de trésoreries, redressements judiciaires, fermetures, faillites et pour la première fois une récession générale de l’économie sociale du réseau. Le moment semblait propice pour que la profession unie continue en commun les travaux sur l’évolution de l’économie relative au monopole de dispensation des médicaments, afin qu’elle puisse remplir au mieux, dans la transparence et l’équité, les missions nouvelles ou ancestrales actées par la loi HPST. C’était sans compter sur l’ambition hégémonique de chacune des chapelles syndicales appelées aux élections professionnelles de cette fin d’année ! 2010 sera-t-elle l’année du chaos ? Les responsables nationaux seront-ils capables de surmonter leurs divergences ? Le fiasco des négociations du 15 septembre doit alerter la profession ! Le président fondateur de l’APLUS. que je suis, aujourd’hui retraité, désespère […] du manque de cohérence des propositions faites par certaines organisations syndicales. Oui, le réseau a besoin d’une amélioration de son économie et d’une meilleure répartition de cette économie, pour que toutes les entreprises officinales soient en mesure de remplir au mieux toutes les missions […]. Oui, l’économie sur son mode « marchand » actuel est révolue et doit être réformée ! Oui, demain toutes les officines ne rempliront pas toutes les mêmes missions, mais devront pouvoir le faire en fonction de leur implantation démogéographique ! Oui, la concurrence économique continuera, mais elle devra être transparente et loyale ! Poursuivre les négociations sur une économie « sociale » essentiellement marchande est une grave erreur, la confrontation des divers projets retenus aurait certainement permis de l’éviter. L’engagement des négociations sous la pression populiste d’une « grève des gardes » initiée à la va-vite, sans concertation, par le syndicat le moins impliqué dans l’organisation de la permanence du service officinal, malgré une unanimité temporaire de façade, créait un climat délétère, défavorable à toute négociation. La non-médiatisation de ce mouvement, qui de plus s’est avéré sans incidence économique positive pour le réseau, relève de l’irresponsabilité de son promoteur ! L’élargissement de la première tranche de marge de 22,90 à 75 € du prix industriel, si elle améliore l’économie globale du réseau, avantage les officines qui dispensent les médicaments les plus onéreux.

Je doute que la répartition de la nouvelle manne soit équitable ; de plus, elle est financée en totalité par la protection sociale, elle dépasse la demande légitime de réajustement économique (200 à 300 millions d’euro), ce qui amène la proposition hasardeuse de rééquilibrage par généralisation d’un TFR : copie à revoir ! L’augmentation du forfait à la boîte va dans le sens de l’amélioration générale de l’économie de toutes les officines, [elle] a l’avantage de ne pas être supportée en totalité par le financement public (conditionnements non prescrits), a l’inconvénient d’un revignetage généralisé, justifie l’arrêt des grands conditionnements : bien parti, pourrait mieux faire !

2010, faute de projet commun, c’est loupé, l’économie ne bougera pas, la dégradation se poursuivra, la MDL continuera son œuvre déstabilisatrice, il serait temps de faire fonctionner les méninges des responsables syndicaux et de leurs experts pour valider en commun un projet économique cohérent, répondant à la fois aux attentes professionnelles, aux exigences sociales et aux spécificités des financements collectifs.

A toujours jouer à « qui perd gagne » et à faire cavalier seul, à proposer des actions ou des projets surprise à la dernière minute, sans concertation, ces « représentants » creusent la tombe de la pharmacie et fragilisent l’économie sociale ! Mes chers confrères et amis syndicalistes, j’ai été le premier à porter la contestation au sein de l’organisation syndicale majoritaire, pour faire évoluer le métier à une époque où le conservatisme dominait la profession. Je n’ai jamais prôné la guerre fratricide. Le temps est venu pour vous de travailler ensemble et qu’enfin sorte un projet économique cohérent, moderne et évolutif […].

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