L’heure des règlements de compte a sonné autour des « fake médecines »

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Publié le 7 avril 2018
Par Anne-Hélène Collin
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C’est une tribune publiée dans Le Figaro le 19 mars qui a mis le feu aux poudres : 124 médecins et professionnels de santé – dont certains sous pseudonymes – y règlent le compte des pratiques de soins non conventionnelles (PSNC), homéopathie en tête. Ce collectif #FakeMed, réunissant aujourd’hui plus de 1 300 professionnels de santé dont 70 pharmaciens, accuse : les médecines dites alternatives sont irrationnelles, dangereuses, coûteuses. Elles relèvent du charlatanisme et ne doivent plus être tolérées, ni remboursées.

Colère du côté des médecins : plusieurs syndicats dénoncent le ton inquisiteur de la tribune. L’Ordre des médecins, interpellé pour sa passivité, vient de saisir l’Académie nationale de médecine, la Haute Autorité de santé et l’ANSM pour trancher.

Ce débat houleux et passionnel a le mérite de soulever quelques questions de fond.

Tous « charlatans » ? En dénonçant l’amalgame avec « des pratiques déviantes de prétendues médecines douces pratiquées par des non médecins et en dehors de tout encadrement », le syndicat des médecins libéraux montre qu’il ne faut pas se tromper de cible. Les homéopathes, par le biais de leur syndicat, rappellent qu’ils sont avant tout des médecins « aussi compétents en matière de diagnostic et de prescription médicale (…) et aussi conscients des limites de leur exercice » que leurs confrères. Ce qui n’est pas le cas des naturopathes, par exemple.

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Faut-il encore rembourser les PSNC ? Non, selon le collectif #FakeMed qui propose d’allouer les économies réalisées à des techniques de soins plus efficaces et à des mesures d’information et de prévention.

Quelle efficacité réelle pour les PSNC ? Difficile à établir. Aujourd’hui, la plupart des PSNC n’ont scientifiquement pas montré plus d’intérêt qu’un effet placebo. Le Dr Bruno Fallisard, en charge notamment de l’évaluation des pratiques non conventionnelles au sein de l’Inserm, notait pourtant dans l’émission « Du grain à moudre » le 27 mars sur France Culture : « Il se peut que des médecins qui utilisent des techniques qui s’apparentent à des placebos rendent service à des patients. »

Malgré tout, la confiance des Français pour les PSNC progresse. Et si le débat actuel autour des « fake médecines » montrait aussi les limites de la médecine conventionnelle : défiance, manque de temps, dépersonnalisation…§

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