L’heure de vérité

Réservé aux abonnés
Publié le 12 novembre 2005
Mettre en favori

Les syndicats tentent de convaincre le ministère que la mobilisation de toute la profession sur le générique apportera les économies qu’il souhaitait via les TFR. L’instauration d’objectifs individuels permettrait en effet d’éviter des TFR généralisés. Sous réserve d’un accord écrit.

Pas de TFR généralisé à 24 mois. La mesure a été actée. Mais c’est désormais contre l’instauration de TFR « hauts » que se sont battus les syndicats lors de trois réunions de négociations sur le sujet les 3, 7 et 9 novembre. En effet, toute sémantique mise à part, instaurer un TFR quand un groupe plafonne, en vitesse de croisière, à un certain taux, c’est aussi une généralisation des TFR ! « Nous acceptons le cas échéant des TFR balais sur des groupes n’ayant pas dépassé 50 %, explique Claude Japhet, président de l’UNPF. Reste un no man’s land de groupes stagnant entre 50 et 60 %. » La FSPF avait elle demandé suite à son AG extraordinaire, « le retrait de toute référence aux tarifs forfaitaires de responsabilité (TFR) que ceux-ci soient généralisés ou pas, différés à 24 mois ou non ».

Dixit les syndicats, il manque 2 à 3 points de substitution pour arriver aux économies que voulait le gouvernement par les TFR. L’idée est donc de mettre en place des objectifs individualisés à la fois pour hisser ces groupes « intermédiaires » et pour convaincre les 10 à 15 % de pharmaciens récalcitrants de s’y mettre, ce qui ferait gagner immédiatement 1,5 à 2 points aux génériques. « Mesdames et Messieurs qui ne substituez pas, ne mettez pas toute la profession dans la panade », exhorte Claude Japhet. De tels objectifs individuels sont désormais soutenus par les trois syndicats mais aussi le Collectif des groupements.

Toujours la grève des commandes.

Le deal serait donc : abandon des TFR généralisés contre baisses de prix drastiques (pour l’instant – 13 %) et adoption d’objectifs individuels. L’UNCAM a lancé une étude sur le sujet en vue d’un accord conventionnel avec la profession. « Il nous faut une triple articulation pour cette négociation, explique Gilles Bonnefond, de l’USPO. D’abord des garanties écrites sur l’abandon des TFR généralisés, ensuite un accord sur des objectifs individuels, enfin la signature d’un accord avec les médecins (Ndlr, prescriptions au sein du Répertoire). Mais nous ne pourrons pas non plus signer un accord sans avoir une réponse sur des compensations pour la baisse prévisible de 20 % de notre EBE liée à l’ensemble des mesures (déremboursements, etc.). » On discute donc à nouveau de déplafonnement des remises. « Faute de quoi il nous faudra aller chercher du direct à hauteur de 200-300 MEuro(s) pour compenser ces mesures », menace Claude Japhet.

Mais la partie se joue aussi ailleurs, au sein même du ministère, entre le cabinet de Xavier Bertrand et le Comité économique des produits de santé, farouche défenseur des TFR. Son président, Noël Renaudin, devait rencontrer le ministre cette semaine. Qu’en ressortira-t-il ? Dans l’incertitude, les syndicats se réservent toujours la possibilité d’actions dures. La FSPF et l’USPO ont par ailleurs chacune sous le coude une campagne d’affichage grand public sur les mesures médicament, au cas où la négociation n’aboutirait pas. Dans l’attente, c’est l’arrêt des commandes de génériques qui reste d’actualité. Le Collectif des groupements a d’ailleurs lui aussi annoncé dans un communiqué « maintenir des consignes données à ses adhérents d’arrêt progressif de la substitution ». « De toutes façons, analyse Claude Japhet, avec les baisses de prix substancielles qui arrivent et des écoulements de stocks courts, l’objectif est d’arriver à un stock zéro le plus rapidement possible. » « Et si le gouvernement ne s’engage pas à supprimer les TFR au-dessus de 50 %, ce ne sera plus la peine de discuter, assène Gilles Bonnefond. Si le ministre veut avoir la preuve que le générique se développe grâce aux pharmaciens, eh bien il pourra très vite l’avoir… » Xavier Bertrand a dit lundi aux représentants de la profession qu’il souhaitait un accord, et vite. Dont acte.

Publicité

A noter : – 30 % de ventes de gÉnÉriques !

Les consignes syndicales de grève des achats de génériques, voire d’arrêt de la substitution, n’ont pas tardé à se traduire dans les chiffres d’activité des génériqueurs. Selon leurs estimations, le ralentissement de leurs ventes est de l’ordre de 25 à 30 % à compter de la dernière semaine d’octobre. Le boycott des achats a même entraîné chez quelques génériqueurs la mise en RTT de leur délégués commerciaux. Sur la plateforme d’achats de Giropharm, l’activité générique est tombée de 10 000 à 800 lignes par jour.