Lettre ouverte aux patients

J’adresse cette lettre à M^r P., patient enrhumé qui entre dans mon officine à 19 h 50, à M^e A., qui sonne un dimanche à 15 h 30, voyant la croix allumée puisque je suis de garde, à M^r Q., fidèle patient dont je connais parfaitement le traitement ainsi que celui de sa femme et de ses parents, à cet inconnu(e) qui, en route pour un rendez-vous commercial, s’est arrêté(e) pour nous demander conseil ainsi qu’à tous les patients qui ont poussé la porte de ma pharmacie ou la pousseront un jour […].

Oui, je suis diplômée ainsi que toute mon équipe. Oui, je vous écoute et je vous interroge lorsque vous venez acheter un médicament, pour vous connaître et ne pas vous mettre en danger. Oui, je connais les médicaments que vous prenez déjà parce que je les délivre à d’autres patients et je me forme toute l’année. Oui, je contrôle chaque jour les traitements délivrés pour identifier et corriger dans la journée les erreurs que nous aurions pu commettre au comptoir car oui, cela peut arriver malgré toutes les précautions prises. Oui, les médicaments délivrés sans ordonnance ont des prix libres mais je les affiche, je tiens à jour mon catalogue de prix mis à votre disposition, je travaille mon référencement pour vous offrir du choix au meilleur prix et je vous explique pourquoi parfois je ne peux pas aligner un prix sur celui de mon confrère qui a fait d’autres choix de référencement […].

J’ai écrit cette lettre ouverte au lendemain de la parution de l’article de UFC-Que Choisir, ayant trouvé un moment après avoir bataillé le prix d’un médicament avec mon fournisseur pour le délivrer à ma patiente et avoir cherché une solution de substitution à une rupture de stock qui prive une autre de mes patientes du médicament qui la soulage […].

Je parle avec ma conscience professionnelle et ma déontologie. J’ai prêté le serment de Galien avec conviction. Je travaille en toute indépendance. Je ne suis pas soutenue par un géant de la grande distribution. Chaque jour, je soigne, je conseille, je communique. Je connais les médicaments, leur pouvoir, leur dangerosité. J’expertise les ordonnances, les achats au comptoir, les demandes de conseil. Je suis présente à toute heure d’ouverture de mon officine. Et je m’amuse beaucoup du personnage de « Scènes de ménages » sur M6 […].

Mais je refuse de me faire fustiger, dévaloriser, traiter d’incompétente.

Sachez, cher patient, que vous êtes au centre de mes préoccupations. Votre sécurité et votre santé priment sur toute autre considération. Je suis consommatrice, comme vous, et je me mets à votre place lorsque vous faites un achat et comparez les prix. J’essaie aussi de vous satisfaire dans ce domaine.

Venez parler avec moi tous les jours du lundi au samedi entre 9 heures et 20 heures. Je serai là, car je suis pharmacien […].