Les pharmaciens à la peine

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Publié le 3 septembre 2011 | modifié le 18 août 2025
Par Armand Chauvel
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La généralisation des génériques dans le cadre des économies budgétaires et les retards de remboursement de l’administration menacent la viabilité d’un grand nombre d’officines espagnoles.

Le dernier plan anticrise du gouvernement Zapatero, annoncé mi-août et consistant, entre autres, à économiser 2,4 milliards d’euros en généralisant l’usage des médicaments génériques, est un nouveau coup dur pour les pharmacies espagnoles. Au nombre d’environ 21 000, celles-ci supporteront 720 millions d’euros de cet effort contre 1,56 milliards pour les laboratoires et 120 millions pour les distributeurs.

Officines menacées de disparition

« L’obligation faite aux médecins du Système national de santé de prescrire selon le principe actif va encore accroître le nombre de pharmacies en situation de risque économique », estime Jordi de Dalmases, président du Collège des pharmaciens de Barcelone. Selon lui, les seize mesures prises ces deux dernières années par le gouvernement à l’encontre des pharmacies ont déjà réduit le chiffre d’affaires des 3 065 pharmacies catalanes de 11 % en 2010. Et 7 % d’entre elles seraient menacées de disparition.

Farmaindustria, le syndicat patronal des laboratoires, estime que cette imposition des génériques, qui s’accompagne d’une baisse de 15 % du prix des médicaments sans équivalent générique sur le marché (sauf s’ils sont brevetés dans tous les pays de l’UE), affectera 8 % de l’emploi de la filière du médicament, soit 17 000 postes de travail, dont beaucoup dans les officines. « On nous utilise une fois de plus sans s’interroger sur la viabilité du Système national de santé », se plaint Jordi de Dalmases. Dans ce contexte, l’engagement du gouvernement d’aider les officines des zones rurales à hauteur de 10 000 euros par an est considéré par beaucoup de professionnels comme un cautère sur une jambe de bois.

Des communautés autonomes endettées

Comme si ces problèmes ne suffisaient pas, les pharmacies espagnoles sont en butte aux retards de paiements des 17 communautés autonomes. Le 11 août dernier, plus de 80 % des officines de Castille-La Manche étaient en grève pour réclamer le versement des 125 M€ que leur doit ce gouvernement autonome. Dans d’autres régions du pays, les difficultés budgétaires entraînent aussi des retards de plus de trois mois dans le remboursement aux pharmacies des médicaments prescrits sur ordonnance aux utilisateurs du Système national de santé. La dette ne cesse d’augmenter et s’élèverait déjà, selon Farmaindustria, à 700 M€ à Madrid, 975 M€ à Valence et plus de 1,2 Md€ en Andalousie !

« Les problèmes de liquidité sont tels que certaines officines en Castille-La Manche ne peuvent plus être approvisionnées », assure Dolores Espinosa, présidente de la Fédération des pharmacies de Castille-La Manche. Et l’absence d’échéancier de la part des communautés autonomes empêche les officines de recourir à un crédit-relais auprès des banques. « En dernière extrémité, nous pourrions être amenés à demander aux clients de régler eux-mêmes leurs ordonnances puis de se faire payer par l’administration », menace Dolores Espinosa.

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Compte tenu de la situation financière très délicate de nombreuses régions, la Fédération nationale des pharmacies réclame l’aval du gouvernement central pour éponger la dette des Communautés.