Le monde se créolise

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Publié le 1 juillet 2009
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L’histoire de l’esclavage nous concerne tous. En sillonnant la Guadeloupe avec une classe du CFA de Douai (Nord), j’ai découvert l’escalier aux esclaves à Petit-Canal et jeté un oeil dans un puits où jadis étaient jetés les rebelles par le maître des lieux. Le passé tragique des Caraïbes est devenu palpable.Nous avons imaginé les traversées de l’Atlantique avec son lot de cadavres et les humiliations,les tortures subies dans les plantations sucrières.

On pourrait se dire tout ça est derrière nous… Mais les blessures du passé sont encore vives. Pour preuve, la grève générale de janvier lancée par le collectif LKP qui réunissait l’ensemble des organisations politiques et syndicales de l’île, et leur slogan scandé lors des manifestations : « La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo » (la Guadeloupe est à nous, la Guadeloupe n’est pas à eux).Et la sensation qu’il suffit d’un rien pour raviver la révolte.

On ne pourra dépasser les déchirures du passé que par la culture du métissage : c’est la « créolisation du monde », chère au poète et écrivain martiniquais Édouard Glissant. Pour lutter contre les injustices quelles qu’elles soient,il faut accepter les différences et s’ouvrir aux autres.Ce monde-là est en marche. Qui aurait parié,il y a encore un an,que les Américains éliraient un président métisse ?

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