Le conseil général coupe les ailes de la pharmacie d’Ouessant

Dominique Moigne, titulaire depuis vingt ans de l’unique pharmacie de l’île d’Ouessant (800 habitants l’hiver), se souvient de cette patiente sortie un matin de l’hôpital de Brest sans oxygène : « J’ai dû en faire venir d’urgence par l’avion de l’après-midi, et à 17 heures je pouvais le délivrer. » Ce geste risque de devenir bientôt impossible. Si on en croit le cahier des charges établi par le conseil général du Finistère dans le cadre du renouvellement de l’appel d’offres lancé pour la liaison aérienne biquotidienne Ouessant-Brest, celle-ci pourrait dès la fin de l’année être réduite de 365 jours par an à 220 jours (minimum pour obtenir la délégation de service public). Or aucun aller-retour par bateau n’est possible en une journée dans le sens Ouessant-Brest.

Les livraisons quotidiennes menacées

Pour la pharmacienne, cette réduction signifie qu’elle devra renoncer à délivrer certains médicaments urgents ou à assurer l’approvisionnement de certains malades chroniques. Le bateau n’apporterait les médicaments que le lendemain. « Je suis livrée quand je commence à 9 heures avec le premier vol et à 17 heures », explique la titulaire, qui ouvre son officine tous les jours. De plus, l’avion permet à des intervenants comme le dentiste de faire l’aller-retour dans la journée.

En juin dernier, Dominique Moigne et le comité de soutien qu’elle a créé ont empêché la suppression totale de la liaison aérienne. Après une nouvelle mobilisation et le blocage de l’aéroport, le 19 août dernier, la titulaire espère alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de maintenir ces rotations toute l’année.