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La Santé suspendue aux législatives
Réélu président de la République, Jacques Chirac a à peine plus d’un mois pour donner des gages aux électeurs. Côté santé, le gouvernement a décidé de jouer l’apaisement avec les médecins. Mais le véritable enjeu de la santé se situe après les élections législatives tant le scrutin s’annonce indécis.
Dès dimanche soir, la Coordination nationale des médecins généralistes sonnait la charge : menace de grève avec cessation illimitée de l’activité ou déconventionnement d’un ou plusieurs départements par jour à partir du 15 mai… « si ses revendications ne sont pas satisfaites par le nouveau gouvernement ». Lundi, l’UNOF, le SML et la Coordination annonçaient la poursuite de la grève des gardes si…
C’est entendu ! « La consultation à 20 euros est acquise », comme l’a écrit et répété Jean-François Mattei, professeur de génétique, député des Bouches-du-Rhône et ministre de la Santé pressenti à l’heure où nous bouclons. Certaines mesures peuvent être prises très rapidement. Ce serait le cas de la consultation à 20 euros, de la suppression des lettres clés flottantes, de la disparition des quotas d’actes des infirmières et masseurs-kinésithérapeutes.
Absente de la campagne présidentielle, la santé a ressurgi en force. Pour peser sur les débats, la Coordination a d’ailleurs prévu le 28 mai l’organisation des Etats généraux de la médecine en invitant l’ensemble des élus locaux et les candidats à la députation à se prononcer sur leurs projets. Car rien n’est dit. Si Jacques Chirac a été élu président de la République, s’il a nommé Jean-Pierre Raffarin Premier ministre, il n’a que six semaines devant lui pour convaincre les électeurs… dont les quelque 400 000 professionnels de santé. Six semaines jusqu’aux deux tours des élections législatives qui pourraient aboutir au retour de la gauche.
Droite et gauche dans leurs petits souliers
Le programme de santé de Jacques Chirac a été largement été repris dans la presse professionnelle : première mesure plus que symbolique, l’organisation d’un véritable ministère de la Santé débarrassé de son encombrante tutelle. Abrogation de la maîtrise comptable au profit d’un nouveau pacte conventionnel axé sur le respect des bonnes pratiques professionnelles, avec des aides adaptées à la démographie médicale, vote d’une loi quinquennale de programmation de santé publique axée sur la prévention et création des agences régionales de la santé. Un programme qui ressemble en bien des points à celui des socialistes ! Soit la régionalisation, la promotion d’un « nouveau contrat social entre caisses et professionnels de santé », la régulation des dépenses de santé reposant sur les bonnes pratiques… Bonnet blanc, blanc bonnet ?
« Gauche et droite semblent s’accorder pour ne plus faire porter aux seuls professionnels de santé le poids de la régulation des dépenses de santé », déclarait récemment Bernard Capdeville, président de la FSPF. Les uns et les autres ont beaucoup à se faire pardonner. La droite, qui se mord encore les doigts d’avoir en 1995 réussi à pousser le monde médical à l’exaspération avec les ordonnances Juppé. La gauche aussi, en poursuivant la même logique… ceci en dépit d’un bilan sanitaire fourni (mise en place de la CMU, de l’allocation personnalisée à l’autonomie ou encore la loi sur les droits des malades…).
De gauche à droite aujourd’hui, on vise donc l’apaisement et la relance des discussions avec les professionnels. Ce que n’ont pas manqué de faire Alain Juppé puis Jacques Chirac en allant tour à tour faire leur mea culpa sur les événements de 1995, en organisant un meeting avec le monde de la santé entre les deux tours de l’élection présidentielle. Et en promettant de satisfaire le plus vite possible les premières revendications des médecins.
De l’autre côté de l’échiquier politique, on n’a pas manqué non plus de se faire entendre. Dans une lettre ouverte aux médecins, publiée le lendemain de l’élection présidentielle, Bernard Kouchner tresse des couronnes : « Grâce à vous et à notre assurance maladie, notre population – vos malades – ont gagné douze ans d’espérance de vie en trente ans. […] Je ne sous-estime pas le malaise qui persiste, je connais les malentendus que nous ne sommes pas parvenus à dissiper. […] Malgré les crises qui nous ont opposés, je suis fier de vous ! »
A défaut d’intentions claires sur l’avenir de notre système de santé, les professionnels seront au moins fixés dans six semaines quant à la couleur dominante de l’hémicycle. A moins que les électeurs ne fassent surgir une Assemblée sans majorité absolue à cause du grand nombre prévisible de triangulaires.
Des tranquillisants pour la pharmacie
Les politiques sont restés pour le moins vague concernant leur vision de la pharmacie. Interrogés dans nos colonnes (lire Le Moniteur n° 2432), les candidats d’alors usaient de la langue de bois, comme le disait l’économiste Claude Le Pen. Objectif : rassurer les pharmaciens avec une touchante unanimité : pas de bouleversement du tissu officinal, pas de déréglementation, méfiance vis-à-vis des chaînes, sauvegarde du service de proximité, amélioration du dialogue, pas de modification de marge sans concertation… Faute d’indicateurs, les pharmaciens ne seront donc pas à quelle sauce ils seront mangés après les élections législatives. Les négociations sur la marge sont interrompues depuis l’été dernier faute d’accord avec le SNIP sur les remises commerciales, le gouvernement n’ayant pas osé tranché.
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