La mue douloureuse de Santé-Pharma

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Publié le 15 juin 2002
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Au détour d’une réforme de Santé-Pharma qui s’est faite dans la douleur, les équipes officinales se sont arraché les cheveux pendant des mois, confrontées à nombre de codifications erronées sur les cartes des clients. Des mesures s’imposaient.

Au comptoir, « le pharmacien qui a l’assuré dans son fichier prie le Bon dieu pour que sa codification n’ait pas changé. Mais s’il ne l’a pas dans son fichier, le pharmacien n’accorde pas forcément le tiers payant de crainte de ne pas être payé », explique Claude Robinson, pharmacien dans le Calvados et secrétaire général de Santé-Pharma. Voilà où en étaient réduit encore récemment les officinaux. En cause : la réforme de « la plus ancienne des plates-formes de gestion » qui ne s’est pas très bien passée. Cette réforme ramène notamment la codification de 17 chiffres à 8 chiffres, la carte embossée laissant place à une simple attestation. Le carnet de formules a lui disparu au 31 décembre 2001 face au faible nombre de factures papier (moins de 140 000 sur près de 4 millions de factures mensuelles) remplacé par un bordereau papier comportant une zone décryptable par le CETIP en lecture optique. « Mais nous avons été un peu vite », concède Alain Rouché, directeur de la FFSA et trésorier de Santé-Pharma. « Les assureurs étaient très pressés pour réformer le système car la carte embossée, plus l’édition des attestations et du carnet de formules leur coûtait très cher, déclare Claude Robinson. Mais les compagnies d’assurance ont dû mal lire le cahier des charges ou leur mise à jour informatique n’est pas très bonne, avoue Claude Robinson. Reste que bien souvent ils n’ont pas sorti d’attestations correctes. »

La chasse aux mauvaises attestations

« Les sociétés d’assurance mais aussi tous les courtiers ont jusque fin 2002 pour se mettre à la page, indique Alain Rouché. « Les assurés n’ayant pas de nouvelle attestation continuent évidemment avec l’ancienne et la carte plastifiée. Pour pallier certaines des difficultés actuelles, le conseil d’administration de Santé-Pharma a demandé fin mars à tous les assureurs et courtiers de lui faire parvenir pour vérification toute nouvelle attestation, y compris celles qui ont été éditées depuis le début de l’année. « Nous pensions que le cahier des charges serait respecté par tous », concède Alain Rouché qui estime cependant que les problèmes ont été « relativement marginaux : il y a le ressenti et la réalité. Il faut admettre qu’il y a eu de gros soucis mais le volume de factures traitées est resté très important (environ 4,5 millions tous les mois), ce qui montre la solidité de fond du système. » En ce qui concerne le passage à la nouvelle codification, impossible de donner une date d’échéance précise. « Nous avions envisagé une bascule de type « big bang », d’un seul coup, mais nous sommes aujourd’hui sur un scénario plus soft afin d’éviter un certain nombre de problèmes évidents et douloureux pour le pharmacien, précise-t-il. Nous étudions en particulier la possibilité d’une saisie simplifiée par les pharmaciens par code barre et utilisation de la douchette.» En tout état de cause, seules les anciennes codifications doivent être utilisées pour l’instant.

* Chaque courtier a un code guichet pour chacune des entreprises d’assurance avec lesquelles il travaille.

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Paiement : bientôt un contrôle a priori

« Un lieu de traitement, une liquidation, un virement. » Théoriquement, le précepte de base de Santé-Pharma n’est pas loin d’être idéal pour le traitement du tiers payant, surtout quand le délai de règlement avoisine les 48 heures. Hélas, la vitesse est assimilable à de la précipitation lorsque le pharmacien se retrouve en contentieux n semaines (ou mois) après un règlement, surtout sans possibilité de recycler la facture. Ceci parce que le contrôle des droits se fait a posteriori. « Le système a rendu de grands services. Au début il était pensé comme une réplique aux pharmacies mutualistes pour faire du tiers payant et c’est un succès avec 46 millions de factures traitées en 2001 », rappelle Alain Rouchet, directeur de la FFSA et trésorier de Santé-Pharma.

Une étude lancée début 2002 pour passer à un contrôle des droits a priori : les pharmaciens seront réglés aussi vite mais en cas de problème de droits, la procédure sera de suite bloquée. Quand ce système fonctionnera-t-il ? « Nous voulons aller assez vite, indique Alain Rouché. Mais nous allons nous heurter au même problème qu’avec la réforme de la codification à savoir le temps d’adaptation. » Il est donc peu probable de le voir opérationnel avant 2003.