« Il s’agissait de faire le service après-vente de la loi HPST »

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Publié le 17 octobre 2009
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Michel Rioli, conseiller en économie, stratégie et développement des entreprises, a aidé la profession a accouché d’un projet professionnel en adéquation avec les nouvelles missions de la loi HPST. Sans oublier de stabiliser l’économie officinale. Interview.

Réunir autour d’une même table les différentes sensibilités de la profession, c’est un petit exploit par les temps qui courent…

Il s’agissait de faire le service après-vente de la loi HPST. En l’occurrence, la loi fonctionnera pour les pharmaciens s’ils sont constructifs. J’avais déjà travaillé il y a un an et demi sur un rapport concernant une rémunération mixte du pharmacien, je connaissais donc un petit peu le problème et j’ai pu jouer les médiateurs. Et je sais de quoi je parle puisque mon épouse est pharmacienne [NdlR : à Commequiers, en Vendée] ! A la première réunion au ministère de la Santé le 7 janvier, chacun avait été invité individuellement sans savoir que les autres venaient. Une fois tous ensemble, je les ai empêchés de ressortir [sourire].

Il faut dire que les pharmaciens ne comprenaient pas pourquoi une ministre consoeur n’avait pas du tout mentionné leurs missions dans le projet de loi initial…

C’est justement parce qu’elle était pharmacienne qu’elle ne l’avait pas fait d’entrée… Et puis, il était primordial que les pharmaciens montrent qu’ils étaient prêts à bouger et que leurs instances proposent des amendements communs.

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Comment expliquez-vous l’absence de signature de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France dans la version diffusée lundi sur le site des Pharmaciens en colère ?

En effet ! La FSPF a été présente lors de toutes les réunions de travail… à l’exception de la dernière, le 2 juillet, où ont eu lieu les signatures. Mais je suis persuadé qu’ils le signeront d’ici la remise officielle au ministère le 25 novembre. Encore une fois, tout ce qui figure dans le rapport est le fruit d’un consensus au sein du groupe de travail.

Le rapport regorge de pistes d’évolution professionnelle, mais la refondation de l’économie officinale retiendrait presque l’attention dans l’immédiat, non ?

Juste un point : 70 % des pharmaciens sont en nom propre, or cela coûte cher à la fois en termes de transmission et de fiscalité. Exemple : à l’impôt sur les sociétés, une officine de 1,4 million de chiffre d’affaires gagnerait 225 000 euros de trésorerie sur douze ans grâce aux amortissements par rapport à l’impôt sur le revenu, et une pharmacie avec un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros, gagnerait 315 000 euros ! Avec des holdings (SPF-PL), les mêmes pharmacies gagneraient respectivement 500 000 euros et 900 000 euros de trésorerie en défiscalisation sur la même période. Vous ne croyez pas qu’il faudrait faire rapidement quelque chose vu la fragilisation actuelle de l’économie officinale ?

Le rapport parle de taille critique pour les officines. Ne craignez-vous pas de vous aliéner une partie des pharmaciens ?

Il faut comprendre que ce travail est surtout destiné à convaincre nos énarques que la loi n’aura pas les débouchés voulus par le politique et par la profession si celle-ci n’a pas l’économie qui va avec ! C’est pourquoi le rapport préconise de remettre dans le réseau les 150 millions d’euros de manque à gagner de marge en 2009 afin « d’amorcer la pompe » des nouvelles missions du pharmacien. A la suite d’un geste aussi fort, la profession pourrait de son côté accepter de transférer une partie du forfait de 53 centimes à la boîte au profit de la rémunération du pharmacien correspondant dans le cadre du suivi des ALD. Sinon, celle-ci ne sera pas significative. Vu la réforme des ALD qui se dessine, tout le monde sera gagnant, à commencer par les petites pharmacies rurales qui font déjà tout ce travail. C’est ce genre d’accord gagnant-gagnant à mettre en place pour trouver des enveloppes financières pour chacune des propositions du rapport.